Molécules les plus prescrites en France, les antalgiques n’échappent pas aux problèmes d’observance. Une étude conduite par S. Perrot et al. Auprès de sujets de la National Health and Wellness Survey retrouve une observance complète de seulement 27 % dans les douleurs légères et 44 % dans les douleurs sévères.
0Une étude réalisée en médecine générale enfonce le clou et suggère que près de 30 % des patients sous antalgiques pour douleurs chroniques non cancéreuses ne respecteraient pas les consignes du médecin en augmentant ou en diminuant les doses, en modifiant la fréquence des prises voire en substituant une molécule à une autre.
Passer un contrat avec le patient
Dans le domaine de la douleur, la problématique de l’observance recouvre donc non seulement le sous-traitement mais aussi volontiers l’automédication voire le mésusage médicamenteux.
Les patients n’ont pas toujours une idée bien nette des différences entre les antalgiques et confondent souvent paracétamol, anti-inflammatoires et aspirine et c’est le rôle du médecin et du pharmacien de le leur expliquer clairement pour éviter des automédications à risque, estime le Dr Nathalie Cantagrel (Centre d’évaluation des traitements et de la douleur, CHU de Toulouse).
L’idéal dans les douleurs chroniques est d’établir un contrat avec le patient pour une automédication contrôlée de sa douleur. Par exemple, il semble important d’expliquer au patient que la prise d’antalgiques trop tardive, lorsque la douleur est importante, n’amène, même avec des traitements efficaces, qu’une diminution de la douleur, mais pas sa suppression totale.
Le spectre du mésusage
Certains migraineux arrivent très bien, avec ou sans traitement de fond, à gérer leurs crises aiguës en prenant les bons antalgiques dès le début.
En revanche, les céphalées chroniques quotidiennes (CCQ) par abus médicamenteux ne sont pas rares et la démarche pour obtenir un sevrage se complique singulièrement.
En ce qui concerne les opioïdes, l’abus médicamenteux concerne 20 % des prescriptions. Ces surconsommations médicamenteuses ne sont pas tant liées au produit lui-même qu’à la personnalité du patient. Le risque est augmenté en cas d’anxiété qui majore la plainte et engendre une attitude compulsive vis-à-vis du médicament (le patient a peur d’avoir mal et donc le prend avant la douleur ou en prend plus) ainsi qu’en cas d’antécédents d’addictions à l’alcool, aux benzodiazépines, etc.
Enfin, le traitement médicamenteux n’est pas la seule alternative et des approches non pharmacologiques peuvent être proposées pour améliorer l’efficacité des antalgiques, limiter les abus, aider au sevrage. « À Toulouse, notre centre anti-douleur oriente vers des techniques psycho-corporelles de méditation pleine conscience, d’autohypnose, de relaxation autogène de Shultz. Nous utilisons aussi l’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing) et la neurostimulation électrique transcutanée (TENS) », témoigne le Dr Cantagrel.
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