Plus de 3 ans après leur parution, les nouvelles recommandations françaises CNGOF/SFD sur le dépistage du diabète gestationnel (DG) font toujours débat. Calquées sur celles de l’IADPSG (The International Association of the Diabetes and Pregnancy Study Groups) ces guidelines proposent un dépistage plus ciblé mais aussi plus strict qu’auparavant.
Désormais, le dépistage du DG est recommandé chez les femmes enceintes présentant au moins un
des quatre facteurs de risque suivant : IMC›25 kg/m2, âge maternel›35 ans, antécédents de diabète familial au 1er degré, antécédents de DG ou de macrosomie.
Au 1er trimestre, le dosage de la glycémie à jeun (GAJ) est préconisé avec un seuil pathologique abaissé à 0,92 g/l contre 0,95 g/l auparavant. Au deuxième trimestre, le diagnostic de DG s’appuie sur la réalisation d’un test de charge en glucose entre 24-28 semaines. Depuis les nouvelles guidelines, la méthode en deux temps (dosage de la glycémie une heure après ingestion de 50 g de glucose puis HGPO avec 75 g de glucose) a cédé la place à une méthode en un temps (HGPO d’emblée avec 75g de glucose). Et désormais une seule valeur pathologique suffit à poser le diagnostic.
Afflux de patientes dès le début de grossesse
En pratique, ces nouvelles règles entraînent un afflux de patientes dès le début de grossesse. En France, « la baisse de la GAJ de 0,95 à 0,92 g/l et le choix d’un seul temps pathologique génèrent une augmentation de l’incidence du DG estimée de 2 à 3 points soit 25 000 femmes supplémentaires par an », illustre le Dr Françoise Lorenzini-Grandmottet (unité Diabète, Nutrition et grossesse, CHU Paule-de- Viguier, Toulouse).
Face à cette hausse certains experts se demandent si l’on en fait pas trop. Et d’ores et déjà, certains pays préconisent le statu quo, comme les Etats- Unis où le National Institutes of Health a suspendu l’application de ces nouveaux critères en septembre 2013. Mais, dans le même temps, d’autres voies pointent les failles du ciblage (qui ne prend pas en compte, par exemple, l’origine ethnique, la prise rapide de poids en début de grossesse ou l’existence d’un syndrome métabolique) et s’inquiètent de laisser passer certains DG à travers les mailles du filet. De fait, 25% des DG surviennent chez des femmes sans facteurs
de risque mais ces diabètes ne sont en général pas compliqués.
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