Comme pour tout traitement, ce n'est pas parce que la prescription est faite que le patient est adhérent à la PPC (ventilation à pression positive continue). Sur une population exhaustive issue des données du système national des données de santé, le taux d'arrêt du traitement par PPC atteint 20 % à un an et 48 % à trois ans, avec des conséquences : somnolence diurne, risque accru d'accidents cardiovasculaires, de la route, etc. Or ce problème de non-adhérence est multifactoriel : la sévérité de la maladie, le profil des patients et leurs comorbidités, le niveau socio-économique, etc., tout compte. C'est pourquoi il est essentiel d'adapter la prise en charge à la situation de chacun.
Le changement des masques et le réglage de la machine (réalisés par les prestataires de services) sont certes importants mais d'autres données, encore insuffisamment prises en compte, jouent un rôle-clé. C'est le cas du niveau socio-économique : vivre dans un endroit exigu, au risque de déranger ses proches, augmente le risque de non-adhérence. Le fonctionnement du couple compte aussi : être un couple avec de jeunes enfants laisse moins de temps pour s'occuper de soi (davantage de charge mentale) alors que vivre à deux, avec un conjoint qui vous encourage, augmente les chances d'adhérence au traitement, d'autant qu'aujourd'hui, la machine fait moins de bruit qu'un conjoint qui ronfle. Si c'est la vue du masque qui est mal supportée par le conjoint, il suffit de le mettre une fois la lumière éteinte.
Une autre cause d'échec fréquente est l'association entre un syndrome d'apnées du sommeil et des difficultés pour s'endormir : si, au moment du démarrage du traitement par PPC, le problème de l'insomnie n'a pas été réglé au préalable par une thérapie cognitive et comportementale (TCC), le patient aura l'impression que la PPC aggrave son insomnie et c'est une cause d'inobservance. Si le patient estime que la PPC est plus un problème qu'un remède, il y a urgence à trouver des solutions avec lui.
« Les patients doivent être suivis de façon adaptée à leur profil. Il faut arrêter de penser que les déterminants de l'observance dépendent uniquement du nombre d'apnées du sommeil. Les données portant sur les comorbidités et l'environnement du patient doivent être collectées et prises en compte », conclut le Pr Pépin.
D’après un entretien avec le Pr Jean-Louis Pépin (pneumo-physiologiste et directeur unité Inserm U 1300, CHU Grenoble-Alpes)
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