« Depuis trois-quatre ans, la société s’empare du sujet. Les hommes sont prêts, ils se bougent », a constaté le Dr Alan Charissou, en ouverture de la session sur la contraception masculine qu’il animait avec les Dr Manon Lacroix et Samuel Joubert. « Le but est de permettre aux généralistes de connaître les méthodes de contraception masculine qu'ils peuvent préconiser, et de pouvoir répondre aux demandes de plus en plus nombreuses des hommes », précise-t-il. Devant une salle comble, les trois généralistes ont passé en revue les méthodes de contraception masculine autorisées ou non en France. Au cours de leur vie, 61 % des femmes auront une grossesse non planifiée (GNP), rappellent-ils. Des grossesses qui s’accompagnent de plus de morbimortalité, « aussi bien pour la mère que pour l’enfant ». Et si la charge contraceptive est aujourd’hui majoritairement portée par les femmes, les trois généralistes rappellent que ce n’est pas une fatalité. Ils citent d’abord les méthodes autorisées, au nombre de six. Utilisé par 10 % des couples, le préservatif est pris en charge à 60 % par l’Assurance-maladie sur ordonnance pour les plus de 26 ans et gratuit avant ; il est d’une efficacité relative : risque de GNP de 18 % par an. Viennent ensuite la planification et le retrait, pratiqués chacun par 1 % des couples, avec des risques de GPN de respectivement 24 et 22 %. Bien que son nombre ait été multiplié par dix en dix ans, la vasectomie ne concerne que 0,5 à 1 % des couples. Elle présente le risque de GPN le plus faible : 0,15 %. L’injaculation et la méthode non pénétrante sont, elles, non évaluées et d’efficacité inconnue.
Des méthodes non autorisées utilisées
Deux méthodes interdites sont également utilisées : la contraception thermique par remontée testiculaire (CTRT) et la contraception hormonale par injection de testostérone (CMH). Avec une efficacité moyenne, la première serait pratiquée par plusieurs milliers d’hommes, tandis que la seconde, avec une efficacité élevée, compterait quelques dizaines d’adeptes. Interdite par l’ANSM, la CTRT repose sur l’inhibition de la spermatogenèse par la chaleur et présente peu d’effets indésirables (irritations cutanées notamment), précise les généralistes. La prescription de la CMH est, elle, non recommandée actuellement mais peut faire l’objet d’une primoprescription hors AMM par certains spécialistes (endocrinologue, urologue…), à raison d’une injection hebdomadaire d’énanthate de testostérone 200 µg. Le protocole est validé par l’OMS sur 18 mois d’utilisation et présente de nombreuses contre-indications (cardio, maladie veineuse thromboembolique, insuffisance hépatique, tabagisme actif) et effets secondaires (acné, libido, agressivité, poids…).
Si ces deux méthodes ne devraient pas être autorisées avant cinq à dix ans, sous réserve qu’elles passent toutes les étapes de validation, les généralistes conseillent d’aborder le sujet de la contraception avec les patients en présentant les méthodes féminines et masculines. Et pour ceux qui utiliseraient tout de même ces méthodes, le Collège de la médecine générale a élaboré un document pour les praticiens afin d’accompagner leur patient et de réduire les risques. L’étude Testis 2021, réalisée auprès de 970 utilisateurs de CTRT, montre que moins de 5 % respectent strictement le protocole établi. L’outil fournit des informations sur l’état actuel des connaissances, tant sur la réversibilité, la tératogénicité que l’efficacité. Sur le suivi, les généralistes rappellent l’importance d’un bilan initial avec un spermogramme de contrôle. Une phase inhibitrice de trois mois doit être respectée et contrôlée avec un spermogramme sous le seuil de 1 M/ml (le seuil de l’infertilité étant de 15 M/ml), puis l’analyse doit être réalisée tous les trois mois. Elle peut être prise en charge sur prescription médicale.
Pour conclure cette session, les généralistes ont rappelé que se former à la contraception masculine fait partie des orientation prioritaire de DPC 2023-2025.
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