Prise en charge des traitements de l’anémie

L’intégration de l’erythropoïétine dans le forfait dialyse suscite l’inquiétude

Publié le 10/04/2014
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Crédit photo : PHANIE

« Cela fait déjà plusieurs années que la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) souhaitait sortir l’Erythropïétine (EPO) de la liste en sus, faisant le constat que les EPO ne sont pas des traitements nouveaux, ni véritablement onéreux », souligne le Pr Jean-Jacques Zambrowski.

Cette mesure, estime-t-il présente un « énorme piège » dont il convient d’être conscient. « Au départ a circulé l’information selon laquelle, avec cette introduction de l’EPO, le forfait dialyse serait augmenté de 26 ou 28 euros par séance. Un certain nombre d’intervenants ont alors estimé que cela permettrait d’acheter sans trop de problème toute l’EPO nécessaire. Or, la réévaluation n’est pas de 26 ou 28 euros mais de 15,65 euros. En moyenne, un patient a 13 séances de dialyse par mois. L’établissement va donc percevoir 216,45 euros. Or l’EPO la moins chère du catalogue coûte 270 euros par mois », souligne le Pr Zambrowski.

Un autre paramètre doit être pris en compte : les circuits financiers au sein des hôpitaux. « Sauf disposition particulière négociée dans l’établissement, cette somme de 15,65 euros ne sera pas versée directement à la pharmacie de l’hôpital, mais à l’établissement. Et du fait des tensions budgétaires les directions de certains hôpitaux pourront avoir du mal à donner la totalité de ces 216,45 euros mensuels à la pharmacie pour l’achat d’EPO ».

Pour le Pr Zambrowski, on peut craindre que les pharmacies soient contraintes de choisir les EPO les moins chères du catalogue. « Ces EPO ne seront pas forcément celles qui conviendront le mieux aux patients avec des durées d’action et des cinétiques qui ne seront pas toujours adaptées », précise-t-il. Une préoccupation partagée par la Société francophone de dialyse et la Société de néphrologie qui, dans un courrier adressé à Mme Marisol Touraine, affirment que les « établissements vont vouloir utiliser l’EPO la moins chère en fonction des fluctuations des marchés pharmaceutiques ».

D’après un entretien avec le Pr Jean-Jacques Zambrowski, CHU Bichat, université Paris-Descartes.

Antoine Dalat

Source : Bilan spécialistes