Contrairement au syndrome de Guillain Barré susceptible de survenir après une infection ou un vaccin et qui connaît un seul épisode aigu, la polyradiculonévrite chronique se caractérise par des rechutes certes moins sévères (avec perte de sensibilité, fourmillements ou encore perte de force, etc.), mais se produisant à intervalles réguliers : tous les deux – trois mois, voire tous les ans. Entre 1/5.000 et 1/10.000 personnes seraient touchées ; la polyradiculonévrite chronique n’est donc pas une affection très rare, même si elle est beaucoup moins connue des généralistes, que le syndrome de Guillain Barré. Les patients concernés n’ont pas de profil particulier : le nombre de femmes et d’hommes touchés est équivalent, notamment entre 40 et 60 ans. À l’heure actuelle, il n’y a que deux possibilités pour les soulager : soit les corticoïdes (qui peuvent poser des problèmes de tolérance), soit des traitements à base d’immunoglobulines, obligeant ces patients à revenir aussi souvent à l’hôpital qu’ils ont de poussées ! Compte tenu de leur âge, ce sont souvent des actifs, ce n’est pas sans poser problème…
Un nouveau modèle animal
Pour toutes ces raisons, la recherche se poursuit pour trouver de nouvelles molécules efficaces, bien tolérées et plus pratiques à prendre au long cours. Or pour les tester, il n’y avait pas jusqu’à présent de modèle animal autre que le modèle Expérimental Acute Neuritis (EAN) qui comme son nom l’indique, porte sur la forme aiguë de la maladie. Mais après avoir fait un syndrome équivalent au syndrome de Guillain Barré, les animaux EAN récupéraient définitivement. Difficile dans ces conditions, de tester l’impact du médicament sur la prévention de la récidive ou la chronicité !
La nouveauté est d’avoir réussi à créer un modèle murin chronique ou victime de rechutes. Il fait actuellement l’objet d’un essai pour un traitement déjà utilisé chez l’homme dans la sclérose en plaques. Si les résultats sont concluants, ce médicament pourrait donc obtenir son extension d’AMM dans cette indication courant 2016-2017, ce qui serait un vrai progrès. « Il n’est pas utopique de tabler sur 2016-2017, car ce traitement étant déjà prescrit dans la sclérose en plaques, les délais de commercialisation sont raccourcis. En outre, les premiers résultats obtenus chez notre modèle animal sont très intéressants puisqu’ils montrent qu’en donnant ce traitement dès le début de la maladie, il n’y a pas de rechute » note le Pr De Seze qui ne compte pas en rester là. « Nous allons aussi utiliser ce modèle animal pour tester d’autres molécules par la suite, soit issues de l’industrie, soit de notre propre laboratoire, mais aucun autre projet n’est aussi avancé. En parallèle, ce modèle animal nous sert également à mieux comprendre la maladie, grâce à divers examens, sanguins, immunologiques, neurologiques, etc. ». C’est donc la polyradiculonévrite chronique dans sa globalité qui attend désormais d’être mieux appréhendée.
D’après un entretien avec le Pr Jérôme de Seze, responsable du service des pathologies neurologiques inflammatoires, CHU Strasbourg, laboratoire Biopathologie de la myéline, neuroprotection et stratégie thérapeutique, INSERM 1119, Fédération de médecine translationnelle de Strasbourg avec Elizabeth Trifilieff et Susana Brun chercheurs, ainsi que le Dr Laurent Kremer, neurologue, étudiant en thèse d’université.
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