Le manque d’adhésion aux traitements de fond est une observation très courante pour toutes les maladies chroniques, dont l’ostéoporose. Ce constat avait déjà été fait avec les bisphosphonates il y a plusieurs années, avec un impact significatif de la non-adhésion sur l’efficacité du traitement, y compris pour la prévention des fractures.
Malgré un schéma d’administration simple, injection sous-cutanée semestrielle, le dénosumab n’échappe pas à cette « règle », comme rapporté par une publication de Lyu et al dans le Journal of Clinical Endocrinology and Metabolism (1).
Des injections retardées
Dans une cohorte de 151 patients (95 % de femmes) âgés en moyenne de 69 ± 10 ans (31 % < 65 et 26 % > 75), l’adhésion au traitement a été évaluée grâce aux comptes rendus médicaux électroniques avec vérification manuelle des dates d’injections de dénosumab. L’adhésion appropriée a été fixée à un retard de moins d’un mois. Quant au taux de couverture médicamenteuse (TCM), il a été défini pour examiner quantitativement l'association entre l'intervalle posologique du dénosumab et la densité minérale osseuse (DMO). Un bon TCM (> 93%) correspond à un intervalle d’injection ≤ 7 mois, un TCM modéré (75-93 %) à 7-10 mois et un TCM faible (<74%) à un intervalle ≥ 10 mois.
Dans l'ensemble, 21 % de toutes les injections de dénosumab ont été administrées avec un retard de plus d'un mois. La 2e injection a été faite dans le délai optimal chez 83 % des patients mais cette proportion chute à 13 % après la 8e injection et à 8 % après la 10e injection… La 2e injection a été faite dans les 10 mois chez 97 % des patients mais cette proportion chute à 40 % après la 10e injection, ce qui suggère que 60 % des patients auraient au moins une injection retardée de plus de 4 mois à la 5e année de traitement. Enfin, l'observance au-delà de 24 mois a diminué de façon spectaculaire : 28 % de patients adhérents à 36 mois, 13 % à 48 mois et 8 % à 60 mois…
Influence de l’adhésion sur la DMO
L’étude a aussi évalué l’impact de l’adhésion sur la réponse thérapeutique : parmi tous les sujets de l'étude, la variation annualisée de la DMO était de 2,7 % (IC à 95 %, 2,3 à 3,1 %) au rachis lombaire, 1,2 % (IC à 95 %, 1,0 à 1,5 %) à la hanche totale et 1,1 % (IC 95 %, 0,8 à 1,3 %) au col fémoral. Au sein des groupes (adhérence faible, modérée et bonne), la variation annualisée non ajustée de la DMO était respectivement de 1,4 %, 3 % et 3,9 % au rachis lombaire et 0,6 %, 1,3 % et 2,1 % respectivement à la hanche.
Ces résultats démontrent donc que des intervalles plus longs entre les administrations de dénosumab sont associés à une moindre réponse densitométrique à la hanche totale et au rachis lombaire. Même en l’absence de donnée sur les conséquences pour la prévention des fractures, ils soulignent l'importance d'une administration régulière du dénosumab dans la prise en charge à long terme de l'ostéoporose.
(1) Lyu H et al. Delayed denosumab injections and bone mineral density response: an electronic health record-based study. J Clin Endocrinol Metab. 2020 Jan 2. pii: dgz321. doi: 10.1210/clinem/dgz321.
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