En 2013, à partir d’une méta analyse, (1) une commission de la Haute Autorité de santé (HAS) a jugé insuffisant le service rendu par les dispositifs contenant de l’acide hyaluronique (AH), ce qui devrait conduire ipso facto à leur déremboursement. D’autres méta-analyses plus nombreuses ont pourtant démontré une certaine efficacité des AH. L’autre argument de cette étude était la mauvaise tolérance des AH. Or, malgré le grand nombre de traitements pratiqués en France, il n’a jamais été rapporté d’augmentation du taux d’arthrite septique. La méta-analyse de Rutjes n’est toutefois pas totalement négative si l’on considère l’effet taille sur la douleur qui est de 0,37 alors que celui du paracétamol dans l’arthrose est de 0,21 et celui des AINS de 0,31. E. Maheu a par ailleurs souligné la pauvreté des traitements pharmacologiques de l’arthrose et pointé du doigt le recours aux antalgiques opioïdes ou aux AINS avec leurs cortèges d’effets indésirables. D’après une étude réalisée à partir des données d’une assurance privée américaine (Bhattacharyya S et al.) chaque traitement par AH retarde la pose d’une prothèse de 250 jours à 2,5 ans (cf. image). En cas de déremboursement des AH, le taux de prothèse de genou risque d’augmenter alors qu’il était relativement faible en France (100 pour 100 000 habitants/an, contre 234 aux États-Unis, 180 en Allemagne et 155 au Royaume Uni). Le coût d’une prothèse de genou est en moyenne de 11 600 € avec une espérance de vie de 12 ans soit un coût 1 000 € par an, à mettre en balance avec celui des AH.
Traiter précocement
Actuellement, reste une inconnue : les patients susceptibles de bénéficier au mieux de l’AH. La réponse au traitement est le plus souvent binaire.
En pratique clinique, il y a un accord professionnel pour traiter les patients à un stade peu évolué et tant qu’ils sont actifs et sans épanchement. En cas d’épanchement, il est préférable de faire d’abord une ponction et, sans doute, une injection de corticoïdes.
Le déremboursement des AH serait une mauvaise solution pour les patients. E. Maheu, avec la section arthrose de la Société française de rhumatologie (SFR), le Syndicat national des médecins rhumatologues (SNMR) et le Collège français des médecins rhumatologues (CFMR), comptent sur la mobilisation de tous, des patients à travers leurs associations, et des rhumatologues, pour qu’elle permette d’aboutir au maintien du remboursement des AH.
(1) Jüni P, Rutjes AW, da Costa BR et al. Viscosupplementation for osteoarthritis of the knee. Ann Intern Med. 2013 1;158(1):75.
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