Initiatives locales

Ostéoporose, un parcours de soins innovant dans l’Allier

Publié le 28/02/2025

La Polyclinique Saint Odilon a été sollicitée par la communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) Nord-Allier pour mettre en place un parcours de soins dédié à l’ostéoporose en 2023. Aujourd’hui, cette prise en charge innovante est opérationnelle à la Polyclinique Saint-Odilon à Moulins. Le Dr Bernard Maillet, rhumatologue, Benjamin Vacher, directeur de l’établissement et Anaïs Tourgon, directrice des soins, retracent les atouts de cette prise en charge.

L’équipe ostéoporose du projet

L’équipe ostéoporose du projet
Crédit photo : DR

Comment et pourquoi vous êtes-vous saisis du sujet de l’ostéoporose ?

Benjamin Vacher : Ce sujet n’est pas nouveau, le Dr Bernard Maillet s’en préoccupe depuis plus de 30 ans et donne régulièrement des conférences sur ce sujet. En septembre 2023, nous avons décidé avec la CPTS de créer un parcours de soins permettant de répondre de façon innovante à un besoin trop souvent méconnu. Nous sommes opérationnels depuis l’automne 2024.

Dr Bernard Maillet : L’ostéoporose est une pathologie insuffisamment reconnue et mal traitée. Au début des années 2000, l’Organisation mondiale de la santé avait fixé comme objectif une diminution des fractures du col du fémur de 10% dans les huit années à venir or elles ont augmenté de 10% ! Le parcours de soins, travaillé avec la CPTS, a pour objectif de dépister cette maladie non symptomatique avant la survenue de sa complication qu’est la fracture d’affirmer son diagnostic et de préciser les options thérapeutiques qui sont ensuite transmises au médecin généraliste. Notre parcours intègre également la prévention de fractures qui peuvent s’avérer dramatiques en matière de perte d’autonomie avec des répercussions sur le plan cardiovasculaire.

 

Quelles sont les améliorations apportées en termes de repérage et de prise en charge ?

Dr Bernard Maillet : Les acteurs de la CPTS – kinésithérapeutes, médecins généralistes, chirurgiens, infirmières… - sont des « sentinelles » qui, en cas de suspicion d’ostéoporose, peuvent nous joindre via un mail dédié. L’infirmière de rhumatologie convoque le patient concerné qui intègre alors un parcours d’une demi-journée. Nous demandons en amont une prise de sang incluant un bilan biologique complet. Durant cette demi-journée, le patient bénéficie d’une densitométrie osseuse, d’un entretien individuel avec une diététicienne, un kinésithérapeute et une infirmière d’éducation thérapeutique.

Enfin, le patient est vu par le rhumatologue qui interprète la densitométrie osseuse, les résultats biologiques et les conclusions des différents entretiens. A l’issue de cette consultation, une synthèse complète est transmise au médecin traitant ainsi qu’une proposition de traitement médicamenteux si nécessaire.

Anaïs Tourgon : Le point fort du parcours est l’accompagnement complet du patient en seulement une demi-journée. En complément de l’ordonnance de bilan sanguin, un questionnaire est envoyé au patient afin qu’il renseigne son alimentation sur les trois derniers jours. La diététicienne peut ainsi réaliser le calcul d’apports calciques et adapter ses conseils sur l’importance d’équilibrer les repas et de corriger les apports vitamino-calciques. Le kinésithérapeute va quant à lui conseiller certains types d’activité physique pour solliciter au mieux le squelette et renforcer la structure osseuse sans risques. Enfin, l’infirmière d’éducation thérapeutique, spécialisée en rhumatologie depuis plus de dix ans, a pour mission d’apporter la meilleure information sur la maladie ostéoporotique en fonction de chaque situation individuelle.

A-t-il été facile de mobiliser la CPTS ? Quels conseils pourriez-vous partager en la matière ?

Benjamin Vacher : C’est la CPTS qui a fait la première démarche en me contactant en septembre 2023. Elle joue un rôle essentiel en matière de création de liens entre médecine de ville et établissements de santé. Après plusieurs réunions de concertation entre la CPTS, nos rhumatologues et la direction de la clinique, nous avons organisé une conférence en février 2024 pour rappeler les enjeux de l’ostéoporose, présenter le parcours aux sentinelles -(médecins, chirurgiens, kinésithérapeutes, pharmaciens, dentistes, infirmières …-, ainsi que les solutions proposées par notre équipe de rhumatologues. Depuis deux ans, nous organisons également une sensibilisation du public sur cette maladie lors des journées CPTS Nord Allier.

Je suis très fier de pouvoir compter sur des rhumatologues aussi disponibles et engagés au service d’une population.

En 2024, nous avons constaté que 70% des patients intégrés au parcours avaient besoin d’un traitement pour une ostéoporose avérée. En une année, nous sommes en capacité de recevoir plus d’une centaine de patients.

Dr Bernard Maillet : Nous avons aussi édité des flyers reprenant toutes les étapes du parcours de soins, du rôle du professionnel « sentinelle » à l’accueil du patient par nos équipes. Ce projet collectif améliore la prise en charge globale des pathologies ostéoporotiques. D’ailleurs, les premières retombées sont extrêmement positives et les personnes nous rapportent apprécier que le parcours soit aussi complet incluant la nutrition et l’activité physique.

Propos recueillis par Hélène Delmotte

Source : lequotidiendumedecin.fr