LE QUOTIDIEN - Quel bilan pour ce congrès EULAR 2012 à Berlin ?
Pr MAXIME DOUGADOS - Le congrès EULAR 2012 a connu un vif succès avec plus de 15 000 participants, venus de plus d’une centaine de pays. Cette participation importante témoigne de l’intérêt porté à cette manifestation, notamment grâce à un programme scientifique de haut niveau, élaboré par un comité scientifique indépendant, présidé cette année également par un Français, le Pr Xavier Mariette (CHU Bicêtre). Les trois pays les plus représentés (plus de 1 000 participants) étaient l’Allemagne, les États-Unis et la France. Nos collègues d’Asie et d’Amérique Latine étaient également plus nombreux. Le principal objectif de l’EULAR est d’attirer les jeunes chercheurs pour communiquer et faciliter les échanges. Le congrès est devenu la principale plate-forme d’interactions et d’échanges entre collègues du monde entier.
Quels enseignements retenir pour les médecins généralistes ?
En ce qui concerne les rhumatismes inflammatoires chroniques, en premier lieu la polyarthrite rhumatoïde, mais aussi la spondylarthrite ankylosante, l’arthrite chronique juvénile ou encore le rhumatisme psoriasique, leur prise en charge s’est considérablement améliorée et l’on peut aujourd’hui arriver à contrôler la maladie à condition de traiter tôt et fort d’emblée. L’instauration précoce d’un traitement efficace permet d’éviter l’installation des dégâts articulaires importants durant les premières années d’évolution. Les AINS et les corticoïdes peuvent soulager les poussées, mais cela n’est pas suffisant : ces malades doivent être orientés rapidement vers une consultation rhumatologique spécialisée. Aujourd’hui, les biothérapies permettent à un grand nombre de malades, lorsqu’ils sont vus tôt par un rhumatologue, de mener une vie normale. Il faut leur dire de ne pas avoir peur des biothérapies. Nous avons maintenant plus de dix ans d’expérience avec ces médicaments et plus de deux millions de malades en ont bénéficié. Et il y a encore beaucoup d’espoir avec de nouvelles classes médicamenteuses telles que les inhibiteurs de Janus kinase (JAK) et des anti-CD20.
Ne faut-il pas renforcer la collaboration médecin généraliste – rhumatologue ?
Effectivement, cela est essentiel et ce pour au moins trois raisons : adresser tout malade suspect de rhumatisme inflammatoire au rhumatologue sans attendre, bien connaître la surveillance de toute biothérapie et enfin prendre en charge les comorbidités. En effet, ces patients sont condamnés à une double peine : non seulement, ils souffrent des conséquences de leur maladie (douleurs, déformations…), mais, en plus, ils sont à plus haut risque d’infections, de cancers, d’ostéoporose, de maladies cardio-vasculaires… Cela n’est pas seulement dû aux médicaments, mais aussi à la maladie elle-même. La question est de savoir qui doit prendre en charge ces comorbidités, qui doit surveiller la pression artérielle, le cholestérol, prescrire un détartrage des dents, mettre à jour les vaccinations… Plusieurs études françaises, et aussi britanniques, ont montré que de nombreux patients ne sont pas pris en charge correctement pour leurs comorbidités car les médecins généralistes pensent que ce sont les spécialistes qui s’en occupent et inversement. Il faut donc améliorer la communication entre les deux pour que les patients soient correctement suivis.
Les recommandations EULAR pour la prise en charge des affections rhumatologiques sont-elles suivies en pratique ?
Nous l’espérons, mais cela est très difficile à démontrer. Dans le cas de l’utilisation du méthotrexate dans la polyarthrite rhumatoïde, les études ont révélé que, depuis la recommandation, les doses utilisées par les rhumatologues augmentaient d’année en année, dans tous les pays européens, passant de 7-8 mg à 15-20 mg aujourd’hui : mais est-ce dû à la recommandation ? La mission de l’EULAR est de les élaborer avec des procédures méthodologiques très précises et de faciliter leur propagation, notamment chez les jeunes médecins. C’est pourquoi nous ciblons les étudiants en médecine et les recommandations font partie de leurs cours. Depuis la première recommandation sur l’arthrose du genou publiée à la suite du premier congrès à Nice en 2000, il y en a eu plus d’une trentaine, disponibles sur le site www.eular.org.
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