Deux études sur des anti-IL6 ont été présentées. La première est une étude portant sur le sirukumab dans la néphrite lupique active (1). Le critère principal était le pourcentage de réduction de la protéinurie à 24 semaines. Ainsi, 21 patients ont reçu le sirukumab et 4 patients le placebo. À 24 semaines, il n’y avait pas d’amélioration de la protéinurie dans le groupe sirukumab. De plus, près de 50 % des patients sous sirukumab ont présenté un effet indésirable grave à type d’infections. Le développement du sirukumab a donc été arrêté dans cette indication. La deuxième portait sur le PF-04236921 (2). Elle incluait 183 patients atteints de lupus actifs. Le critère d’évaluation principal était la réponse SRI à 24 semaines, un score composite basé sur le SLEDAI-2K, le BILAG et l’évaluation globale du médecin. Le groupe PF-04236921 200 mg a été arrêté prématurément du fait de 3 décès. Le pourcentage de répondeurs dans le groupe 10 mg était plus élevé que dans le groupe placebo (59,9 versus 40,1 %, n = 45 dans les 2 groupes, p = 0,076) mais ce n’était pas le cas pour le groupe 50 mg (39,2 %, n = 47, p = 0,528). Un patient est décédé dans le groupe 10 mg contre aucun dans le groupe placebo. Concernant les infections ou les autres effets secondaires, il n’y avait pas de différences entre les groupes.
Interféron-alpha dans les formes sans atteinte rénale
Le sifalimumab, un anticorps anti-IFNα, a été évalué chez les patients atteints de lupus systémique actif mais sans atteinte rénale ou neurologique. L’objectif principal était le score SRI à 1 an. Parmi les 431 patients randomisés, le pourcentage des répondeurs SRI était plus élevé à 1 an dans le groupe sifalimumab 1 200 mg que dans le groupe placebo (59,8 versus 45,4 % ; p = 0,031). Néanmoins, la différence entre les groupes sifalimumab (200, 600 et 12 000) et le groupe placebo était modeste. Concernant la tolérance, 6 patients sont morts dans les groupes sifalimumab et 2 dans le groupe placebo. Les effets secondaires étaient comparables entre les différents groupes. Seules les infections herpétiques étaient plus fréquentes chez les patients traités par sifalimumab (4,6 %, 3,7 %, 8,4 % versus 0,9 %, respectivement dans les groupes 200, 600 et 1 200 mg et placebo).
Lupus cutanéo-articulaire et rénal
Enfin, le SM101, récepteur recombinant FcRIIB a été étudié dans le lupus cutanéo-articulaire et rénal (3). Le SM101 se lie aux complexes immuns et évite l’activation résultant de leur fixation sur les autres FcR. Il a déjà démontré son efficacité dans les thrombopénies auto-immunes primitives. Ainsi, 51 patients ayant un lupus systémique actif dont 14 avec néphrite lupique ont été inclus. La réponse thérapeutique était évaluée à 24 semaines par le score SRI. L’utilisation concomitante de traitements immunosuppresseurs et corticoïdes était permise à doses stables. Néanmoins, 15 patients répartis de façon équivalente entre les 3 groupes, ont eu recours un traitement de secours (14 par corticoïdes, 1 par MMF, 1 par rituximab). Le taux de patients répondeurs était 4 fois plus important dans les groupes SM101 que dans le groupe placebo (36 et 39 % versus 9 %). Des résultats similaires étaient retrouvés lorsque l’on excluait les patients ayant eu recours à d’autres traitements. L’amélioration se retrouvait surtout sur les symptômes articulaires et cutanés. La tolérance était bonne.
Ainsi, le sirukumab ne sera pas développé dans la néphrite lupique. Le PF-04236921 pourrait être intéressant dans les lupiques cutanéo-articulaires mais il faudra être attentifs aux effets secondaires. Le sifalimumab semble efficace dans le lupus cutanéo-articulaire mais les effets ne sont pas spectaculaires. Le SM101 semble, lui, être un traitement très prometteur dans le lupus cutanéo-articulaire. Il s’agit d’études de phase 2 dont les résultats devront être confirmés sur de plus grand nombre de patients.
(1) Aranow C et al., oral 2835
(2) Wallace et al., oral L5
(3) Tillmanns S. et al., oral 2833
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024