Dans la cohorte OFELY, 588 femmes ménopausées âgées en moyenne de 68 ans (± 9) ont eu une mesure de DMO et des paramètres micro-architecturaux (1). Leur suivi pendant une durée médiane de 7,1 ans a permis d’identifier 101 fractures ostéoporotiques, dont 60 majeures (hanche, vertèbre, épaule et poignet). Chez les femmes fracturées, des modifications significatives de certains paramètres de micro-architecture ont été observés : diminution de l’épaisseur corticale au radius, diminution de la densité osseuse et augmentation de la porosité au tibia, augmentation du nombre de travées et de la connectivité, diminution de la charge à la rupture aux deux sites lors de l’analyse en éléments finis. Après les ajustements nécessaires, chaque diminution d’un quartile des paramètres osseux évalués par microscanner au radius distal était associée à une augmentation d’environ 30 % du risque de fracture. Ce complément d’évaluation pourrait donc s’avérer précieux mais nécessite une simplification et une diffusion de cette technique, pour l’instant réservée à quelques centres de recherche.
Corrélé au risque de chute
L’évaluation du risque de chute figure dans les recommandations françaises de 2012. Une équipe suédoise a évalué la pertinence du dépistage des futurs chuteurs pour détecter les patients à risque de fractures ostéoporotique dans un travail rétrospectif à partir d’un registre national : 128 596 patients de 65 ans ou plus ont été évalués avec un outil élaboré à partir des différents facteurs de risque de chute (2). Le score de risque de chute obtenu était très fortement corrélé au risque de fracture ostéoporotique, en particulier de hanche : l’incidence de ces dernières était trois fois plus élevée chez les participants ayant un score élevé.
Ces données rejoignent celles rapportées par un groupe finlandais qui a évalué la capacité à prédire les fractures de hanche et la mortalité de simples tests fonctionnels (3). Ces tests mesurent la possibilité de s’accroupir et de toucher le sol, de se tenir debout sur une jambe pendant 10 secondes et la force de préhension. L’évaluation a été conduite de façon prospective chez 2 791 femmes, âgées en moyenne de 59,1 ans, suivies pendant 15 ans : 578 fractures ostéoporotiques sont survenues dont 35 de hanche et 258 décès. Les patientes ayant au moins un échec à l’un des 3 tests avaient un risque 4 fois plus important de fractures de hanche, une augmentation de 50 % non seulement du risque de fracture ostéoporotique quelconque mais aussi du risque de mortalité.
Les paramètres de fonction musculaire et d’équilibre conditionnant le risque de chute ont donc un intérêt fondamental dans l’évaluation du risque de fracture chez les sujets âgés, en particulier pour la fracture de hanche. Ces tests simples peuvent et doivent donc être faits lors de nos consultations ostéoporose.
Le risque de nouvelle fracture après une première fracture ostéoporotique est peu évalué sur le long terme. La cohorte canadienne de l’équipe du Manitoba a permis de faire une analyse rétrospective de 62 491 sujets de plus de 50 ans, hommes ou femmes, ayant eu une première fracture (4). Chacun a été apparié à 3 témoins de même âge et sexe. Une période d’observation de 23 ans a permis d’évaluer le délai de survenue d’une nouvelle fracture et son type. Le risque de nouvelle fracture est d’autant plus important que l’on est proche de la première (risque relatif de 4 dans la première année), mais reste élevé à long terme : doublé jusqu’à 10 ans après la première fracture. Cette augmentation de risque est plus importante chez les hommes. Dans les nouvelles fractures, on observe toutes les fractures majeures. Le risque est plus élevé lorsque la fracture initiale est une vertèbre, une hanche ou l’humérus.
(1) Sornay-Rendu #1085
(2) Nilsson #1012
(3) Rikkonen FR0455
(4) Morin #1137
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