Crise sanitaire, incidence accrue des pathologies chroniques, augmentation du recours au diagnostic par IRM : impossible en 2021 de faire de la médecine de pointe sans imagerie. Pourtant, l'écosystème tricolore reste au milieu du gué.
En France, l'imagerie médicale représente un marché d’équipements et de services d'un milliard d'euros environ (pour 40 milliards d'euros au niveau mondial), évalue le Syndicat national de l'industrie des technologies médicales (SNITEM). En 2018, le pays était « le 6e exportateur mondial », précise Armelle Graciet, directrice des affaires industrielles de ce syndicat. « C'est l’un des secteurs les plus dynamiques de la med tech' .»
Ce positionnement se traduit par nombre d'innovations telles que l'intelligence artificielle (IA), les échographies 3D/4D et la fusion d'images, les IRM sans hélium ou sans bruit, la thérapie guidée par l'image, les salles hybrides, mais aussi l'amélioration de l'environnement et du confort du patient dans de multiples spécialités (obstétrique, pédiatrie, cardiologie, neurologie, oncologie…).
Défaut d'équipements lourds
Et pourtant, malgré la qualité de sa recherche et de son expertise, la France est loin de faire partie des leaders européens en termes d'équipements lourds, déplore le SNITEM. En 2019, on comptait 1 263 scanners sur le territoire, soit moins de 20 scanners pour un million d'habitants, pour une moyenne européenne de 26,3. Même retard hexagonal pour le parc d'IRM (960 appareils), soit 14 IRM par million d'habitants contre 20,9 en Europe. Dans ce contexte, les industriels appellent non seulement à accroître le parc français mais aussi à « inciter les radiologues au renouvellement du matériel de radiologie conventionnelle de plus de dix ans (soit 50 % du parc) et d’échographie ».
« Il y a un défaut d'équipements lourds en France : l'accès à l'innovation est encore perçu comme un coût alors que c'est une source d'économies pour le système de santé, regrette Armelle Graciet. Pendant le Covid, le marché du scanner a augmenté de 40 % dans tous les pays, sauf en France où il y a eu peu d'investissement ! C'est dommage car c'est une perte de chance pour les patients. » Et de pointer le nombre insuffisant d'autorisations administratives pour l'installation de matériels lourds.
Les tarifs de la spécialité, un facteur de blocage
La Fédération nationale des médecins radiologues (FNMR) constate également « un parc inférieur en nombre, mais aussi des appareils moins haut de gamme » que chez nos voisins. Pour le Dr Jean-Philippe Masson, président de la Fédération, la politique continue de baisses tarifaires menée depuis dix ans empêche aujourd'hui une partie des spécialistes d'investir (sur leurs propres fonds) dans du matériel très haut de gamme. Et de faire valoir au passage que la spécialité, longtemps tout en haut du palmarès des revenus médicaux, pointe désormais au onzième rang, selon les chiffres de la CARMF (avec un BNC 2019 moyen de 120 600 euros). « Un radiologue libéral en France gagne deux fois moins qu'en Espagne, assure-t-il. Forcément ça limite les investissements et on espace les renouvellements ! »
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