« Nous avons maintenant un moyen très concret d’identifier des garçons adolescents hautement susceptibles de développer une dépression clinique. Ceci nous aidera à cibler stratégiquement les préventions et les interventions pour ces individus, avec l’espoir que cela pourra réduire leur risque d’épisodes dépressifs graves et les conséquences durant la vie adulte », précise le Pr Ian Goodyer (Université de Cambridge) qui a dirigé l’étude publiée dans les Proceedings of the National Academy of Sciences (Pnas).
Une personne sur 6 souffre d’une dépression majeure à un moment de la vie. Ce trouble de l’humeur apparaît dans un quart des cas avant l’âge de 18 ans. Et une dépression à l’adolescence multiplie par 4 le risque de rechutes à l’âge adulte, en particulier chez les garçons. Il n’existe aucun biomarqueur validé pouvant aider à identifier les adolescents à risque.
Dans ce nouvel essai britannique, Owens et coll. ont dosé les taux matinaux de cortisol dans la salive de 1 858 adolescents (filles et garçons) pendant 3 à 4 jours, puis un an plus tard. Ils ont confirmé la stabilité des taux matinaux de cortisol, sachant que de précédentes études avaient associé des taux élevés à la dépression. Les adolescents ont également rempli un questionnaire (Moods and Feelings Questionnaire, MFQ), à plusieurs reprises pendant 3 ans, évaluant la présence infraclinique de symptômes dépressifs comme l’absence de motivation.
17 % des adolescents
Les adolescents ont ainsi été classés en 4 sous-groupes selon la combinaison des taux élevés ou non de cortisol et la présence forte ou non de symptômes dépressifs. L’analyse montre que 17 % des adolescents ont à la fois un taux élevé de symptômes dépressifs et un taux élevé de cortisol matinal, et présentent une mémoire autobiographique appauvrie.
Dans ce groupe le plus à risque, les garçons ont 14 fois plus de risque de développer une dépression majeure dans les 3 ans que dans le groupe à faible risque (peu de symptômes dépressifs et cortisol normal), et leur risque est 2 à 4 fois supérieur à celui dans les groupes intermédiaires (symptômes dépressifs élevés et cortisol bas, et vice-versa). Pour les filles, seul un taux élevé de symptômes dépressifs multiplie par 4 le risque futur de dépression.
L’espoir est que le dépistage des garçons a haut risqué de dépression, en utilisant ce biomarqueur (salive recueillie sur 3 jours et questionnaire), pourrait permettre des interventions ciblées.
Il reste que les dépressions ne sont pas toutes associées à un cortisol matinal anormal. Des études similaires pourraient dévoiler dans le futur d’autres biomarqueurs pour des formes différentes de dépression.
PNAS 17 février 2014, Owens et coll.
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