C'est un (nouveau) cri d'alarme sur la santé mentale des jeunes, que lancent la Défenseure des droits (DDD) Claire Hédon et son adjoint le Défenseur des enfants Éric Delemar à l'adresse du nouveau gouvernement. Ils appellent la Première ministre Élisabeth Borne « à prendre la pleine mesure de la gravité de la situation dans laquelle sont plongés de nombreux jeunes et à agir urgemment pour sortir des approches fragmentaires et strictement sanitaires ».
Des indicateurs alarmants
Dans ses derniers chiffres portant sur la période du 8 au 15 avril 2022, Santé publique France rapporte que 24 % des 18 -24 ans et 16 % des 25-34 ans ont eu des pensées suicidaires au cours de 12 derniers mois. Des taux en hausse, bien supérieurs aux autres tranches d'âge (moins de 10 %).
En outre, fin avril, les passages aux urgences pour geste suicidaire ou troubles de l'humeur, anxieux et psychotiques sont en hausse chez les 11-17 ans (respectivement + 28 %, +51 % et + 32 % pour troubles anxieux et psychotiques, par rapport aux semaines précédentes), et stables à des niveaux supérieurs à ceux de début 2021, chez les 18-24 ans. « Des chiffres alarmants », commente la DDD.
Ce que confirme sur le terrain le Dr Vincent Trebossen, psychiatre de l'enfant et de l'adolescent à l'hôpital Robert-Debré (AP-HP), dans le nord-est de Paris. « Depuis septembre 2020, on observe une nette hausse des passages aux urgences pour des tentatives de suicide », affirme-t-il à l'AFP : ces cas y ont augmenté de 25 % en janvier, février et mars 2022, par rapport à la même période de 2021. Les patientes (dans 80 % des cas) sont plus jeunes, et les doses de médicaments, de plus en plus élevées.
La pédopsychiatrie doit être une priorité, selon la DDD
« Le secteur de la pédopsychiatrie doit être considéré comme une discipline prioritaire », écrit Claire Hédon, voyant dans ces chiffres le reflet des défaillances des systèmes d’écoute et de recueil de la parole de l’enfant et plus globalement, de l’ensemble des actions de prévention qui auraient dû être mises en place pour protéger l’enfant en souffrance.
« Certaines structures continuent de fermer des lits en pédopsychiatrie par manque de personnels et de moyens », dénonce-t-elle. Et de constater, à la lumière des réclamations qui lui parviennent, « que certains enfants allant aux urgences après une tentative de suicide n'ont pas de lits disponibles, et ne sont donc pas hospitalisés ou alors dans un service de psychiatrie adulte », pratique que la DDD souhaite par ailleurs voir interdite.
Piqûre de rappel sur la prévention
Appelant à faire de l’intérêt supérieur de l’enfant (consacré par la Convention internationale des droits de l'enfant), « l’unique boussole pour la prise en charge de sa souffrance », Claire Hédon remet sur la table du gouvernement les 29 recommandations déjà formulées en novembre 2021. Ceci d'autant que les assises de la psychiatrie « restent sans effet ».
L'ancienne journaliste et présidente d'ATD-Quart Monde insiste notamment sur le renforcement des maisons des adolescents dans chaque département, et la création de maisons des enfants, le soutien aux équipes mobiles et leur reconnaissance comme « équipement » de l'hôpital, le développement du personnel médical en établissement scolaire, l'augmentation des moyens de l’école inclusive…
« La Défenseure des droits a adressé un courrier à la Première ministre et écrira aux ministres compétents afin de connaître les suites données à l’ensemble de ces recommandations », fait-elle savoir.
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