Améliorer la prévention, décloisonner l'offre de soins, investir dans la recherche : telles sont les grandes orientations de la stratégie dévoilée par Emmanuel Macron en conclusion des Assises de la santé mentale et de la psychiatrie, ce 28 septembre. Si le président de la République a beaucoup insisté sur sa considération et sa confiance à l'égard des acteurs de la santé mentale, « au cœur de l'épaisseur et de l'intimité de nos vies », il n'a pas évoqué de « plan d'urgence » mais plutôt des mesures complétant la feuille de route de 2018. Quelque 1,4 milliard d'euros avaient déjà été débloqués. La trentaine de nouvelles mesures devrait être financée à hauteur de 1,9 milliard d'euros sur cinq ans, soit 400 millions par an entre 2022 et 2026.
Très attendues, ont été précisées par le chef de l'État les modalités du remboursement de consultations de psychologues, présenté comme un moyen de mieux organiser la prise en charge précoce, en amont.
Des consultations psychologiques remboursées, sur prescription médicale
Ainsi, dès 2022, les consultations de psychologues pour des patients à partir de 3 ans seront remboursées sur la base d'un forfait, avec 40 euros prévus pour la première séance de bilan, et 30 pour les suivantes, sur prescription médicale (tout comme un éventuel renouvellement). Le nombre de séances, ainsi que la charge assumée par l'Assurance-maladie et les complémentaires, sont encore à déterminer. « Une mesure que j'assume, qui me paraît bonne et proportionnée », a souligné Emmanuel Macron, précisant que les psychologues qui ne souhaitent pas s'inscrire dans ces parcours de soins, pourront continuer à pratiquer les tarifs qu'ils souhaitent.
En revanche, le président de la République a renvoyé aux mesures déjà actées pour ce qui est des rémunérations des psychiatres : la revalorisation des consultations des psychiatres et pédopsychiatres libéraux prévues dans l'avenant 9 à la convention médicale ; et l'enveloppe de 8,2 milliards d'euros du Ségur destinée à renforcer l'attractivité des postes à l'hôpital et à en ouvrir de nouveaux.
Pour les libéraux, le président a fait part de son souhait d'ouvrir une réflexion sur de nouvelles modalités d'intéressement (aux missions de santé publique par exemple), dans la prochaine convention.
Quant à la question des lits en psychiatrie, « il est clair que le mouvement de fermeture dans certains territoires a été trop rapide », a reconnu le président. Un dispositif de lits à la demande sera financé à hauteur de 15 millions d'euros en 2022, puis 25 millions annuels à partir de 2023 (ce qui représente 500 ETP).
800 postes pour les CMP
Quelque 800 postes devraient être ouverts à partir de l'année prochaine (et d'ici à 2024) dans les centres médico-psychologiques (CMP), répartis entre adultes et infantojuvéniles, afin de réduire les délais d'attente, a aussi annoncé Emmanuel Macron. Chaque département devrait comporter une maison des adolescents, grâce au déblocage de 5 millions d'euros en 2022, puis 10 millions par an en 2023 (aujourd'hui, 118 existent, mais 40 départements n'en ont pas).
Seront également renforcées les équipes mobiles dédiées à la santé somatique (40 devraient voir le jour), et celles se déplaçant dans les Ehpad ou autres établissements médico-sociaux (20). Et quelque 500 infirmier.e.s en pratique avancée (IPA) devraient pouvoir être formé.e.s, en plus des 700 déjà en cours de formation.
Création d'un entretien postnatal
En matière de prévention, le président a soutenu le déploiement des premiers secours en santé mentale, fixant un objectif de 60 000 secouristes formés en 2023. Et d'insister sur l'importance du rôle de l'Éducation nationale. « Nous avons demandé aux enfants de porter un masque dès leurs 6 ans face à un virus difficile à comprendre. Et ils ne pourraient pas comprendre des messages simples sur la santé mentale ? N'attendons pas qu'ils arrivent au collège pour les sensibiliser ».
Par ailleurs, pour lutter contre la dépression en post-partum, un entretien postnatal systématique sera instauré à partir de 2022, autour de la 5e semaine après l'accouchement. Il sera suivi d'un second autour de la 12e semaine, pour les femmes à risque, a précisé Adrien Taquet plus tôt dans la journée.
IA, neurosciences et dispositifs médicaux, priorités de la recherche
Critiquant les précédents choix en matière de recherche, Emmanuel Macron a souhaité ériger comme champs prioritaires les neurosciences, l'intelligence artificielle et les dispositifs médicaux. Pour ce faire, un programme de recherche financé à hauteur de 80 millions d'euros (dans le cadre du 4e programme d'investissement d'avenir) sera piloté par l'Inserm et le CNRS. Il a enfin apporté tout son soutien à la création de l'Institut de stimulation cérébrale à l'hôpital Saint-Anne et du centre de recherche e-care, à Robert Debré.
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