Le haut du string qui dépasse, le nombril à l'air, le maquillage excessif, les jeunes filles entrent dans l'adolescence avec des tenues hypersexualisées en décalage avec leur développement psychoaffectif.
Depuis les années 60, le sexe n'est plus tabou, on peut en parler. Les thématiques à connotation sexuelle ont progressivement envahi le petit écran, la presse féminine, les cours de récréation, la famille… Tout le monde s'est saisi du concept et par le biais des medias, on en a fait une mode. La sexualité a cessé peu à peu de dépendre du domaine de la morale pour s’inscrire dans celui de l’épanouissement. Tout ceci n'est pas étranger au phénomène d’hypersexualisation des jeunes.
Qu'est au juste que l'hypersexualisation ? On peut retenir la définition de chercheurs en sciences de l'éducation pour qui l'hypersexualisation est « un phénomène qui consiste à donner un caractère sexuel à un comportement ou à un produit qui n'en a pas en soi » (1). Cette mise en scène sexualisée est jugée en inadéquation avec la maturation sexuelle de l'enfant et de l'adolescent et du message qu'il veut faire passer qui n'est pas le même que celui que l'adulte interprète.
Une histoire de mode
L'adolescence se caractérise par une quête identitaire dans laquelle les codes vestimentaires, les attitudes et les comportements traduisent le besoin d'appartenir à un groupe, de trouver sa place. Le vêtement est en quelque sorte un moyen d'expression privilégié. Il faut aussi avouer que depuis leur plus jeune âge, on ne cesse de répéter aux enfants qu'ils sont mignons, qu'ils sont beaux. En grandissant, les adolescentes ont toujours le besoin de se sentir belles, elles mettent leur corps en avant puisqu'elles savent que c'est ce qui séduit.
C'est le regard que les adultes posent sur elles qui n'est pas adapté. On pourrait les regarder simplement comme des jeunes filles de 14 ans qui portent une minijupe. Oui, mais l'adulte y voit autre chose, il sexualise le message qu'elles cherchent à faire passer. L'adolescente, non. Elles se trouve jolie et séduisante et cherche une revalorisation narcissique et non sexuelle.
En dévoilant son intimité physique l'adolescent cherche à cacher son intimité psychique. C'est pourquoi il est toujours intéressant d'interroger les adolescentes sur leurs motivations. Car l'hypersexualisation, dans ses excès (tous les adolescents ne sont pas dans l'excès), peut s'appréhender comme une seconde peau, traduction d'un mal-être, de blessures affectives. Quand il y a risque, il faut en parler. L'attitude des mères est parfois encourageante. Il y a en effet un certain nombre de petites filles et d'adolescentes dont les mères sont fières d'avoir des filles belles et séduisantes qui leur servent en fait de faire-valoir.
Au fil des années, les comportements et les vêtements changent. Ce qui arrive quand les jeunes filles réalisent les messages qu'elles pouvaient transmettre et qu'elles découvrent leur propre sexualité.
Entretien avec Mme Magali Teillard-Dirat, psychologue, département du Pr Philippe Courtet CHU Montpellier.
(1) « Contre l'hypersexualisation, un nouveau combat pour l'égalité », Rapport parlementaire de Madame Chantal JOUANNO, Sénatrice de Paris, 5 mars 2012.
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