Les États-Unis autorisent Cobenfy, une nouvelle approche dans la schizophrénie

Par
Publié le 30/09/2024
Article réservé aux abonnés

L’Agence américaine du médicament vient d’autoriser le Cobenfy (xanoméline et chloride de trospium) dans le traitement de la schizophrénie, le premier antipsychotique à ne pas cibler les voies dopaminergiques.

Crédit photo : BURGER / PHANIE

C’est un nouveau type d’antipsychotiques que l’agence américaine des médicaments, la Food and Drug Administration (FDA), a approuvé ce 26 septembre dans le traitement de la schizophrénie chez les adultes : le Cobenfy (KarXT) cible les récepteurs cholinergiques, en particulier, muscariniques, et non plus ceux de la dopamine.

« Ce médicament adopte pour la première fois depuis plusieurs décennies, une nouvelle approche pour le traitement de la schizophrénie, déclare dans un communiqué Tiffany Farchione, de la FDA. Cette autorisation offre une alternative aux médicaments antipsychotiques prescrits jusqu'à présent. » La schizophrénie est considérée comme l’une des 15 causes de handicap, selon les estimations de l’étude Global Burden of Disease ; elle toucherait environ 0,7 à 1 % de la population mondiale, soit 600 000 personnes en France.

Cobenfy (KarXT) a été développé par la biotech Karuna Therapeutics, rachetée cette année par le géant américain Bristol Myers Squibb (BMS) pour 14 milliards de dollars (12,7 milliards d'euros). Ce traitement oral combine la xanoméline, un agoniste des récepteurs muscariniques M1 et M4, et le trospium, un antagoniste muscarinique, ajouté pour atténuer les effets indésirables de la xanoméline et accroître sa tolérance au niveau périphérique.

Des effets indésirables différents

L’efficacité de Cobenfy a été évaluée lors de deux essais cliniques, randomisés contre placebo et multicentriques, qui ont montré qu'il permettait de réduire significativement les symptômes chez les personnes traitées cinq semaines durant.

Il n’est en revanche pas recommandé chez les patients avec une insuffisance hépatique, une insuffisance rénale ou souffrant de rétention urinaire ou gastrique. Les effets indésirables les plus courants, comparés au placebo, sont à type de : constipation (21 % versus 10 %), dyspepsie (19 % versus 10,8 %), céphalées (14 % versus 12 %), nausées (19 % versus 6 %), vomissements (14 % versus 1 %), hypertension artérielle (10 % versus 1 %), somnolence (9 % versus 3 %), reflux gastro-œsophagien (6 % versus 0 %) et diarrhée (6 % versus 3 %). Ces effets secondaires pourraient être moins lourds que ceux des traitements actuels, notamment en termes de prise de poids.

Plusieurs experts en psychiatrie se sont félicités de cette autorisation et ont salué l’un des développements thérapeutiques les plus importants depuis 70 ans. « Cobenfy pourrait changer la donne pour les personnes atteintes de schizophrénie, en offrant une alternative pour traiter des aspects de la maladie mal traités par nos traitements actuels », notamment le retrait social ou les problèmes de mémoire, commente le Pr Oliver Howes, professeur de psychiatrie moléculaire au King’s College de Londres (KCL).

« Les antipsychotiques actuellement disponibles ont des effets secondaires importants, notamment une prise de poids et des effets sur les mouvements, ce qui peut affecter l'adhésion des patients au traitement. KarXT est l'un des développements les plus enthousiasmants dans notre domaine », abonde le Dr Sameer Jauhar, psychiatre intervenant au King's College de Londres, tout en soulignant le besoin d'essais cliniques à plus long terme pour confirmer ces bénéfices, étudier les potentielles associations avec d’autres traitements et affiner le profil des patients qui auraient tout intérêt à choisir cette option thérapeutique.

BMS prévoit une mise sur le marché américain, dès octobre 2024, avec un prix de vente annoncé à plus de 20 000 dollars (17 800 euros) par an et par patient.


Source : lequotidiendumedecin.fr