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LA MUSICOTHÉRAPIE peut être une forme de psychothérapie ou de rééducation, d’aide psychomusicale (1). La médiation musicale place la relation au centre de l’activité thérapeutique. La « distance », et son remplissage, est une composante importante de la psychothérapie à médiation musicale que la parole vient compléter. Le musicothérapeute est un psychologue de préférence. La pratique est une exploitation psychologique qu’une musique peut mettre en exergue comme pourrait le faire d’autres supports (animaux, jeux de société, animations thérapeutiques). L’esthétique, caractéristique en art est exclue de cette technique.
La musicothérapie ou art-thérapie à dominante musicale comme discipline aux concepts originaux trouve avec l’art des moyens paramédicaux spécifiques de nature à en faire une discipline singulière. Que ce soit l’opération artistique comme interface entre la musique et la santé, le cube harmonique comme modalité évaluative, des domaines comme le hors-verbal (différent du non-verbal), les stratégies thérapeutiques, les programmes d’accompagnement de soins ou la mise en action du corps moteur, tous ces aspects vont caractériser la profession et compléter de façon originale les bilans médicaux.
Une discipline paramédicale.
La musicothérapie est une discipline paramédicale comme l’orthophonie ou l’ergothérapie et non une spécialité (2). Si l’activité artistique est au centre de l’activité du musicothérapeute, c’est l’exploitation des composants musicaux orientés et adaptés vers des cibles thérapeutiques, dans le cadre d’une prescription médicale qui vont en faire une véritable activité thérapeutique, distincte des accompagnements ou animations thérapeutiques et des thérapies médiatisées. Dans ce cadre la musicothérapie ne peut se concevoir que comme une activité complémentaire dans l’arsenal paramédical existant.
Les diplômes universitaires sont aujourd’hui complétés par des accréditations de l’état ce qui officialise le métier d’art-thérapeute. Précurseur de l’art-thérapie moderne « l’école de Tours » (AFRATAPEM) dans le cadre de son Centre d’études supérieures en art et médecine (CESAM) propose depuis une quarantaine d’années, un travail fondamental qui permet aujourd’hui à la profession d’avoir une assise scientifique reconnue internationalement.
La musicothérapie est enseigné dans les facultés de médecine de Tours, Lille ou Grenoble en France, et sur le même modèle, en Corée, au Brésil et en Roumanie. Pour reprendre un extrait du rapport de thèse présenté par Fabrice Chardon, actuel directeur de recherches à l’AFRATAPEM : « Aux confins du verbal, dans ce qu’il permet comme convivialité, du non-verbal comme élément de communication et du hors-verbal comme mise en évidence du champ émotionnel du patient, le processus de l’art-thérapie s’est avéré opérant et le rapport de causalité entre l’impression, l’expression, la communication et la relation a trouvé, avec les mécanismes de la créativité et les productions musicales réalisées, un processeur thérapeutique efficace, comme les évaluations exposées dans la thèse, l’exposé et les commentaires de F. Chardon l’ont montré. » (3)
Donner l’envie de guérir.
Pour conclure cette présentation, signalons qu’aujourd’hui les responsables d’institutions et les médecins prescripteurs ne découvrent plus la musicothérapie. Elle semble passée dans les mœurs de la prise en charge des patients.
Les exigences actuelles sont d’avoir la confirmation du sérieux, de la compétence et de l’originalité du professionnel. Cela se révèle généralement dans la nature et la qualité des protocoles de soins. Ceux-ci mettent en évidence tant la précision des objectifs thérapeutiques, l’adaptabilité des stratégies thérapeutiques que les modalités évaluatives et les qualités scientifiques de celles-ci. Enfin, si la musicothérapie prétend compléter l’arsenal médical et paramédical existant, elle doit justifier d’une originalité dans ses fondements et d’une spécificité dans ses moyens.
En cela, la musicothérapie est bien de l’art-thérapie à dominante musicale, avec l’art comme processeur de soin. Elle doit se distinguer de la psychothérapie, de l’orthophonie, ou de l’animation qui elles aussi exploitent la musique. La musicothérapie comme art-thérapie à dominante musicale n’a pas la prétention de guérir, mais de donner l’envie de guérir.
1) E. Lecourt, « découvrir la musicothérapie », éd. Eyrolles, p. 8, 2005.
2) R. Forestier, « tout savoir sur la musicothérapie », éd. Favre, 2011.
3) F. CHARDON, « Évaluation des effets d’une pratique d’art-thérapie à dominante musicale auprès de personnes démentes séniles », ANRT Diffusion-Thèse à la carte, Villeneuve d’Ascq 2010.
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