Tout ne se jouerait pas au niveau du cerveau. Selon une étude de l’Albert Einstein College of Medicine, l’hyperactivité pourrait résulter de troubles graves de l’oreille interne, touchant à la fois l’audition et l’équilibre. Comme le souligne le Pr Jean Hébert, l’auteur principal : « Notre étude montre pour la première fois qu’un déficit sensoriel, telle que des troubles de l’oreille interne, peut induire des modifications moléculaires spécifiques dans le cerveau, qui vont entraîner des troubles du comportement, ces derniers étant traditionnellement considérés pour être générés exclusivement au niveau cérébral. »
Les chercheurs suggèrent de plus des cibles thérapeutiques potentielles, puisqu’ils ont identifié deux protéines impliquées dans ce processus au niveau du cerveau.
Des souris sourdes et turbulentes
L’idée de s’intéresser à l’oreille interne est née d’une observation faite par un étudiant de l’institut de recherche, très intrigué par des souris de laboratoire inhabituellement actives. En y regardant de plus près, le jeune chercheur a constaté qu’elles étaient atteintes de graves déficits cochléaires et vestibulaires, avec une surdité profonde.
À l’origine de ces troubles, une mutation a été identifiée, appelée Slc12a2 et présente au niveau de l’oreille interne et de du système nerveux central, présente également chez les humains. « À notre grande surprise, c’était seulement quand nous effectuions une délétion du gène au niveau de l’oreille interne que nous avons observé une augmentation de l’activité locomotrice », explique le Dr Hébert.
De nouveaux médicaments de l’hyperactivité en vue
L’équipe a alors émis l’hypothèse que les déficits de l’oreille interne entraînait un fonctionnement anormal du striatum, cette région du cerveau qui contrôle les mouvements. Les chercheurs ont trouvé que deux protéines impliquées dans le contrôle des neurotransmetteurs, pERK et pCREB, étaient augmentées uniquement au niveau du striatum. De plus, l’administration d’un inhibiteur de pERK a permis de rétablir une activité locomotrice normale.
Ce dernier résultat laisse penser que les enfants hyperactifs ayant des troubles de l’oreille interne pourraient être traités par des inhibiteurs du circuit pERK. Pour les auteurs, il n’est pas exclu que d’autres troubles sensoriels puissent aussi être à l’origine de troubles moteurs ou psychiatriques. « Un champ encore peu exploré », estime le Dr Hébert.
Science, publié en ligne le 5 septembre 2013
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