Esprit, es-tu là ? Ni séances paranormales, ni tours de magie dans ces expérimentations scientifiques de « présence fantôme ». Des chercheurs de l’École polytechnique de Lausanne viennent de reproduire en laboratoire chez des sujets sains un phénomène troublant d’illusion de « fantôme invisible », déjà décrit dans des conditions extrêmes.
Selon l’équipe dirigée par le Pr Olaf Blanke, cette illusion inquiétante de « présence fantôme » serait en fait due à une perception conflictuelle et asynchrone sensori-motrice de son propre corps et de ses mouvements.
Une seconde représentation de notre corps
Cette mauvaise perception entraînerait une seconde représentation de son propre corps, et celui-ci ne serait plus perçu comme sien mais comme celui de quelqu’un d’autre. Alors que les patients schizophrènes souffrant d’hallucinations décrivent souvent la sensation d’une « présence » étrangère, qui peut leur parler et leur donner des ordres, ces travaux pourraient aider à mieux comprendre la physiopathologie du trouble psychiatrique.
Les auteurs rappellent l’expérience vécue par l’alpiniste Reinhold Messner lors de la descente avec son frère du Mont Nanga Prabat. Épuisé, transi de froid et en manque d’oxygène, ce dernier explique avoir ressenti la présence d’une troisième personne avec eux. « Tout à coup, il y avait un troisième alpiniste avec nous... un peu à ma droite, quelques pas derrière moi, juste en dehors de mon champ de vision. »
Un robot imitateur dans le dos
Pour réaliser l’expérience, l’équipe suisse a utilisé un robot « imitateur » de mouvement. Placé à l’arrière des participants, celui-ci reproduisait les gestes en touchant leur dos. Malgré la différence spatiale, les sujets étaient capables de s’adapter et de la corriger grâce aux mouvements synchronisés du robot. Puis, les chercheurs ont introduit un temps de latence entre le mouvement effectué et le toucher du robot. C’est dans ces conditions asynchrones et dissonantes de perceptions spatio-temporelles qu’apparaissait la présence fantôme.
Trois minutes après le toucher décalé, plusieurs participants, qui n’étaient pas avertis de l’objectif de l’étude, ont rapporté la sensation d’une « présence », voire jusqu’à 4 fantômes. « Pour certains, cette sensation était même si forte qu’ils ont demandé à arrêter l’expérience », a souligné Giulio Rognini, l’un des auteurs. « Le système robotique reproduit les sensations de certains patients ayant un trouble psychiatrique ou de sujets sains soumis à des conditions extrêmes. Ceci confirme que (l’illusion) est due à une perception altérée de leur propre corps au niveau cérébral ».
Ces résultats pourraient faire progresser la compréhension de certains troubles psychiatriques et confortent l’hypothèse d’une mauvaise intégration des informations sensorielles relatives à leurs propres mouvements corporels.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024