Avec la puberté, l’adolescent accède à la fonction de reproduction. Il peut alors, en théorie, se séparer de ses parents pour fonder une famille. Mais l’interdit social reste fort : la plupart des jeunes attendent d’avoir terminé leurs études, appris un métier avant de prendre leur envol et de faire des enfants.
« Entre le début de la puberté et l’accès à une vie professionnelle et familiale, une dizaine d’années s’écoulent durant lesquelles l’adolescent essaye de s’affirmer, de montrer son autonomie, de se démarquer de ses parents par tous les moyens possibles, malgré cet interdit social », souligne le Pr Bruno Falissard, pédopsychiatre à Paris.
Estime de soi et intégration au groupe
Si les adolescents sont globalement en bonne santé physique, cette période est marquée par la survenue d’un grand nombre de maladies psychiatriques : schizophrénie, troubles du comportement alimentaire, dépression, addictions... quant au suicide, il représente en France la deuxième cause de décès de l’adolescent derrière la mortalité par blessure (accidents, violence...). Comment agir, alors, pour aider les jeunes en souffrance ? « C’est un problème complexe. Par exemple, si certains traitements - tels que les antidépresseurs - donnent de bons résultats chez l’adulte, ils sont souvent moins efficaces, voire dangereux chez l’adolescent. La solution idéale reste la prise en charge psychologique (psychothérapie), malheureusement, non remboursée par la sécurité sociale », précise le Pr Falissard.
De façon plus générale, l’aide psychologique apportée aux adolescents doit être fondée sur des stratégies d’estime et d’affirmation de soi, d’intégration au groupe. « Le fait d’associer le cannabis à quelque chose de "mal" n’est pas une stratégie efficace. Il faut, au contraire, être positif : dire aux jeunes que ce sont de "belles personnes" et qu’elles seront encore plus "belles" si elles osent dire "non" aux vendeurs de drogue. De même, au lieu de leur interdire l’alcool dans les discothèques de façon autoritaire, il est plus judicieux de les responsabiliser, en montrant qu’une personne qui ne boit pas en conduisant se protège et protège ceux qu’il raccompagne », indique le Pr Falissard.
L’intérêt de la prévention précoce
Quant à la prévention (obésité, addiction, dépression..), elle est indispensable mais difficile à réaliser auprès des adolescents. « Car ces derniers s’autonomisent souvent en s’opposant au discours des adultes. En revanche, beaucoup d’études montrent que la prévention précoce (sur le tabac, les drogues...) durant l’enfance peut avoir un impact positif à l’adolescence. Les enfants étant plus sensibles à l’autorité des adultes que les adolescents. D’après certains travaux, ce qui marche encore mieux, c’est de travailler plus en amont. Par exemple, le fait de sensibiliser des futures mamans isolées et en difficulté financière - dès le dernier trimestre de grossesse - aux risques liés à une mauvaise alimentation ou aux addictions peut avoir des effets bénéfiques sur ces femmes. Mais aussi, sur leur enfant, une dizaine d’années plus tard, lors de l’adolescence », conclut le Pr Falissard.
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