Intervenir dans l’environnement de l’adolescent délinquant pour prévenir la récidive... C’est tout l’objet du traitement de l’équipe mobile ado-thérapie multi-systémique (TMS) que vient de mettre en place le service psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent du CHU de Montpellier.
Visant à des interventions directes, durant trois à cinq mois, dans la cellule familiale de l’enfant ou de l’adolescent, cette méthode importée des États-Unis et supervisées en Europe par le King’s College de Londres a pour but de « favoriser les changements de comportement dans l’environnement naturel du jeune, qui comprend sa famille, les amis, l’école et le milieu de vie au sens large », explique le CHU de Montpellier.
« Cette offre de soins ne s’adresse pas directement au jeune, au sens classique. Elle ne se substitue pas non plus à une psychothérapie classique », prévient la Pr Diane Purper-Ouakil, responsable de l'équipe médicale médecine psychologique pour enfants et adolescents au CHU de Montpellier. Depuis quelques semaines, une équipe composée d’une psychiatre, d’une psychologue, de deux infirmiers et d’une éducatrice est donc en capacité d’intervenir auprès de cinq familles d’adolescents délinquants ou en rupture avec le système scolaire.
Réduire les comportements violents
Les principes d’interventions visent notamment à réduire les comportements violents et d’opposition en travaillant avec les parents « pour leur donner les outils et les ressources nécessaires pour gérer les comportements du jeune en autonomie » et ainsi « améliorer les relations familiales » ou encore « accroître l’engagement et la réussite des adolescents dans l’éducation et la formation professionnelle ».
Avant la France, où l’initiative montpelliéraine est présentée comme une première, d’autres pays comme l’Angleterre, les États-Unis et le Canada ont essayé de déployer des équipes mobiles de TMS avec des succès mitigés.
Décrite par le ministère canadien de la sécurité publique comme « une approche exemplaire pour s'occuper des adolescents engagés dans la criminalité », la TMS y est néanmoins critiquée dans une note de 2015 émise par la Division de la recherche et de la statistique du ministère de la Justice du Canada. Après avoir observé que la plupart des études menées aux États-Unis notent que la TMS permet de réduire la récidive et d’améliorer l’attachement à l’école, l’article publié sur le site du ministère de la justice précise qu’au Canada, « les résultats sont loin d'être aussi impressionnants ». « Les études n'ont pas révélé de différences significatives entre la TMS et les interventions conventionnelles face à la criminalité juvénile (tels que le placement sous garde) », peut-on lire, entre autres critiques.
En revanche, selon les résultats obtenus en 2019 par le King’s College, l’intervention auprès de 1 000 familles au Royaume-Uni aurait permis de maintenir en scolarité 87 % des adolescents suivis tandis qu’aucun nouveau délit n’aurait été constaté chez 94 % de ces patients.
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