« Un trauma ne guérit pas en dix fois », ont scandé les quelque deux cents psychologues, rassemblés hier jeudi, place de la République à Paris, pour dire « non à la standardisation » mais « oui aux augmentations de salaires » et au « libre arbitre ». En effet, depuis septembre dernier, les syndicats de psychologues sont furieux des conditions de remboursement de leurs consultations, prévu à partir d'avril, via le dispositif « MonPsy ».
« Les conditions sont trop restrictives pour les patients et je trouve cela aberrant qu'ils aient besoin de passer par un médecin », explique une psychologue venue des Pays de la Loire pour cette troisième journée de mobilisation de la profession. « Et le dispositif ne compensera pas les sous-effectifs dans le secteur de la psychiatrie », ajoute une de ses consœurs.« Ces mesures ne sont satisfaisantes ni pour les professionnels, avec les tarifs trop bas, l'adressage obligatoire, ni pour les patients, avec notamment un nombre limité de séances et de patients concernés », dénonce Marie Breuilh, psychologue, venue de Niort.
Crispation sur la prescription médicale
Au lendemain de la manifestation, un arrêté publié au Journal officiel du 11 mars, confirme les craintes des psychologues quant au tarif des consultations. La rémunération du premier entretien d’évaluation est fixée à 40 euros, 30 euros pour les séances suivantes, conformément à ce qui avait été annoncé par le gouvernement à l'automne. La prise en charge comprend huit consultations par an.
La téléconsultation est également possible dans le cadre de « MonPsy », mais « un psychologue ne peut effectuer annuellement plus de 20 % de son activité conventionnée à distance », précise l’arrêté. En pratique, le médecin traitant – mais aussi le gériatre, le pédiatre ou le médecin scolaire, etc. – pourra adresser, sur prescription médicale, un patient vers un psychologue partenaire. Un courrier d’adressage et, le cas échéant, un courrier d’accompagnement précisant le contexte seront remis au patient.
L’adressage par le médecin est justement l’un des points de crispation des psychologues mobilisés, dénonçant « un tri sélectif » ou « singularité déniée ». « Chacun doit pouvoir aller voir un psychologue sans avoir à faire état de pathologies auprès de son médecin », estime par exemple Clémentine, psychologue en banlieue parisienne.
Indications
Le texte publié au Journal officiel précise les critères d’inclusion - ou d’exclusion - des patients dans le cadre de ce remboursement. À partir de trois ans, les enfants pourront être orientés vers un psychologue conventionné « dès lors qu'ils présentent une situation de mal-être ou de souffrance psychique pouvant susciter l'inquiétude de l'entourage », précise l’arrêté.
Chez les adultes, troubles anxieux ou troubles dépressifs d'intensité légère à modérée, mésusage de tabac, d'alcool ou de cannabis « hors situation de dépendance » et troubles du comportement alimentaire sans critères de gravité, pourront être suivis par ces psychologues conventionnés. « Afin notamment de réévaluer la pertinence des traitements prescrits, les patients sous traitement psychotrope ou les patients bipolaires ou borderline sous antiépileptiques peuvent être orientés vers un accompagnement psychologique, sous réserve d'un avis d'un psychiatre », détaille par ailleurs l’arrêté.
Le médecin traitant pourra aussi orienter vers un psychologue partenaire « par dérogation, les patients sous traitement par antidépresseurs depuis moins de 3 mois ou par hypnotiques ou benzodiazépines depuis moins d'un mois ».
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