On sait que la mucoviscidose affecte l’excrétion rénale. Cette atteinte rénale est considérée ces derniers temps comme un nouveau champ à explorer. Elle est notamment caractérisée par une réduction notable de la capacité du rein à augmenter sa sécrétion basale après une charge en bicarbonate de sodium. C’est pourquoi des chercheurs ont exploré si la quantification de cette altération pouvait être utile en clinique.
Une petite étude monocentrique, menée dans des mucoviscidoses dont peu étaient sévères, montre que c’est en effet un marqueur potentiellement intéressant de la fonction du CFTR. L’excrétion rénale en bicarbonate de sodium (NaHCO3) après charge est en effet assez bien corrélée à d’autres paramètres de sévérité, en particulier au type de mutation impliquée dans la maladie, à la fonction pulmonaire, à la fonction pancréatique, ainsi qu’au risque d’infection chronique à Pseudomonas. Et, six mois après mise sous trithérapie, l’élévation de ce marqueur s’avère bien corrélée à la réponse clinique.
Or, en pratique, c’est un test facile à mettre en œuvre dans n’importe quel laboratoire d’analyses biologiques et à un coût réduit. Si ces données sont confirmées dans une plus vaste étude, cela ouvre donc de nouvelles perspectives dans la prise en charge des patients. Ce marqueur pouvant venir compléter ou précéder le test à la sueur de référence, et les analyses génomiques au moment du diagnostic. Il pourrait aussi s’avérer fort utile pour un suivi rapproché des patients sous trithérapie.
Des corrélations avec les principaux paramètres cliniques
Cette étude prospective danoise, réalisée à l’hôpital universitaire d’Aarhus, porte sur 50 patients adultes. Leur excrétion urinaire après une charge orale aiguë en bicarbonate de sodium a été mesurée à l’entrée dans l’étude, puis six mois après leur mise sous trithérapie elexacaftor/tezacaftor/ivacaftor. Ce sont des patients globalement peu sévères. Leur fonction pulmonaire moyenne est à 79 % (l’atteinte est considérée comme modérée au-delà de 70 %). Peu de cas sévères ont été inclus.
À l’inclusion, une excrétion urinaire en bicarbonate de sodium relativement élevée et maintenue est retrouvée chez les patients porteurs de mutations CFTR associées à une fonction résiduelle. L’excrétion relativement élevée était bien corrélée aux principaux items cliniques, à savoir la fonction pulmonaire, la fonction pancréatique et le risque d’infection chronique à Pseudomonas.
Après mise sous trithérapie, cette excrétion arrive à atteindre jusqu’à 70 % de celle observée chez les contrôles sains.
Chez les patients porteurs de mutations affectant moins la fonction CTFR, l’impact de la trithérapie sur l’évolution de l’excrétion postcharge en bicarbonate de sodium est en revanche bien moins prononcé. D’ailleurs, sous trithérapie, l’excrétion reste corrélée à la clinique. Les patients ayant les plus hauts taux d’excrétion sont aussi ceux ayant la meilleure fonction pulmonaire, la moindre insuffisance pancréatique et les moins à risque de développer des infections pulmonaires chroniques à Pseudomonas.
Un test simple et peu coûteux
« Outre-Atlantique, les laboratoires habilités pour réaliser les tests à la sueur sont parfois très éloignés. Et certains patients porteurs d’une forme modérée de la maladie sont parfois diagnostiqués avec bien du retard. Dans ce contexte, e ce test d’excrétion urinaire post-charge en bicarbonate de sodium, réalisable dans n’importe quel laboratoire d’analyses biologiques, pourrait s’avérer utile même en phase diagnostique », commentent les auteurs. Cela, en complément du test à la sueur et des tests génétiques, incontournables.
« Ce test paraît encore plus intéressant en termes de suivi de la réponse aux traitements. Alors que les modulateurs du CFTR se multiplient, disposer d’un test urinaire simple venant compléter et confirmer la clinique peut être fort utile en pratique clinique, pour le suivi des patients sous modulateurs », soulignent les auteurs.
(1) P Berg et al. Challenged Urine Bicarbonate Excretion as a Measure of Cystic Fibrosis Transmembrane Conductance Regulator Function in Cystic Fibrosis. Annals of Internal Medicine 2022 ; doi.org/10.7326/M22-1741
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024