Les preuves en faveur de la corticothérapie existaient déjà pour les pneumopathies communautaires, en particulier un large essai publié dans le « Lancet » en 2011 et dans plusieurs métaanalyses. Où en est-on en pratique en France et quel impact peuvent avoir ces deux études pour la prise en charge des pneumonies ? « L’administration d’une corticothérapie dans les sepsis se fait déjà de façon assez large en réanimation, pas seulement en France mais partout dans le monde, précise le Pr Annane. C’est le cas pour environ 50 % de ces patients, indépendamment de l’existence d’un terrain sous-jacent pouvant justifier ce type de traitement. Il faut rester vigilant sur deux points. Premièrement, l’effet est démontré pour les infections bactériennes, pas pour les pneumonies virales, en particulier grippales. Deuxièmement, la balance bénéfices/risques semble bien favorable pour l’ensemble des formes hospitalisées, mais rien n’est démontré en ambulatoire ».
Informer les médecins le plus vite possible
Pour le Pr Asehnoune, il n’y a pas d’hésitation à avoir en réanimation. « Ces résultats vont influer dès à présent sur notre pratique dans le service. Dans les pneumonies communautaires graves, l’hydrocortisone ne sera plus administrée au profit de la méthylprednisolone ». Le Pr Annane va plus loin : « Il n’y a pas beaucoup d’arguments aujourd’hui pour ne pas donner à l’hôpital une cure courte de ce médicament peu coûteux, et dont les modalités de surveillance sont bien connues ». Comme nous le révèle le spécialiste de Garches, qui a signé l’éditorial, l’éditeur du « Lancet » était si convaincu des bénéfices de la corticothérapie dans l’indication qu’il a proposé aux auteurs une publication avancée, « fast-track », pour coïncider avec le pic hivernal et mettre l’information à disposition des médecins le plus tôt possible. « Une revue Cochrane va être publiée sur la corticothérapie en traitement adjuvant du sepsis d’ici les prochains mois, précise le Pr Annane. L’ensemble de ces arguments va faire bouger les recommandations sur la prise en charge des pneumonies communautaires bactériennes ».
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