Un antihypertenseur et anti-angineux utilisé dans les pathologies cardiaques, le gallopamil, réduirait l’épaisseur du muscle lisse bronchique (MLB) impliqué dans l’asthme sévère en inhibant la prolifération des cellules musculaires lisses, selon une étude monocentrique réalisée au CHU de Bordeaux par Patrick Berger, directeur de l’équipe INSERM « Remodelage bronchique » et ses collègues. Les résultats de leur étude ont été publiés dans la revue « American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine ».
L’obstruction bronchique dans le cas d’asthme sévère est causée par la prolifération excessive des cellules musculaires menant à une augmentation de l’épaisseur du muscle lisse bronchique tapissant les voies respiratoires. Les personnes atteintes d’asthme sévère ont des cellules musculaires lisses qui sont incapables de répondre aux corticostéroïdes avec pour corollaire une gêne respiratoire permanente, des crises fréquentes et rapprochées nécessitant une hospitalisation et/ou un traitement oral lourd (antibiotiques ou corticostéroïdes oraux).
Moins d’exacerbations
En 2007, Patrick Berger et son équipe avaient déjà prouvé ex vivo et in vitro (lien de l’étude) que la prolifération des cellules musculaires provenait d’une entrée anormale de calcium dans les cellules par les canaux calciques, cible sensible du gallopamil.
Afin d’évaluer l’efficacité du gallopamil sur le remodelage des voies aériennes, in vivo, chez les asthmatiques sévères, les chercheurs ont réalisé une étude de preuve de concept, randomisée en double aveugle au CHU de Bordeaux, soutenue par le ministère de la Santé et l’INSERM. L’efficacité thérapeutique du gallopamil a été testée un an sur 31 patients. Chaque patient recevait un traitement corticostéroïde et broncho-dilatateur à des doses maximales pour limiter l’inflammation des bronches, complété par le gallopamil ou le placebo, au rythme de deux comprimés par jour, matin et soir. Ils ont également été soumis à une fibroscopie bronchique avant le début et après l’arrêt du traitement. Un suivi de trois mois a ensuite été effectué sur chaque patient après l’arrêt du gallopamil. « Lors de l’analyse des résultats, aucun changement n’était visible chez les patients ayant reçu un placebo. En revanche, chez les patients sous gallopamil, nous avons observé une diminution de la taille du muscle lisse bronchique. C’est la première fois sur le plan pharmacologique qu’il y a une telle observation », explique Patrick Berger. Bien que le gallopamil soit un antihypertenseur, aucun des patients n’a présenté d’effets secondaires gênants. « Après 12 mois de traitement, on a constaté que les patients ayant reçu le gallopamil présentaient moins d’exacerbations que ceux sous placebo », souligne Patrick Berger.
Confirmation des résultats dans une prochaine étude
Des résultats encourageants mais l’intérêt clinique du gallopamil devra être confirmé dans une prochaine étude, multicentrique, réalisée sur une plus grande cohorte et sans l’utilisation de fibroscopie bronchique. « Si on divise par quatre les cas d’exacerbations, on aura confirmé qu’en plus de l’association de corticostéroïdes et de broncho-dilatateurs à dose maximale, le gallopamil est efficace dans l’asthme sévère », poursuit Patrick Berger. À l’heure actuelle, quelques biothérapies existent pour traiter les asthmatiques sévères, mais seulement pour lutter contre l’inflammation des bronches. Pour lutter contre le remodelage du muscle lisse, aucun traitement pharmacologique n’avait jusqu’ici démontré une efficacité.
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