Vingt-six pour cent des femmes françaises fumaient en 2005, 30,2 % en 2010. Au-delà des effets néfastes depuis longtemps identifiés, vieillissement des organes (peau le plus visiblement), ostéoporose, parodontites, association avec les cancers du sein, de l’ovaire ou du col, un tabagisme féminin complique la contraception hormonale, obère la fertilité, compromet une grossesse et perturbe la périnatalité.
Sachant que « fumer peu, c’est continuer de risquer beaucoup, prévient le Dr Jean Perriot, pneumologue et tabacologue (Clermont-Ferrand), une à 4 cigarettes par jour multipliant par 5 le risque relatif de décéder d’un cancer bronchique, doublant le risque de coronaropathie ». Et le cannabis n’est pas plus inoffensif qui, à raison d’un joint par jour pendant 10 ans multiplie par 5,7 le risque de cancer bronchique, d’autant qu’il est en Europe mêlé au tabac.
Les risques
La question d’un tabagisme, et de l’arrêt se pose dès la première contraception hormonale, progestative pure (si elle doit être hormonale) avant 35 ans, en cas de facteur de risque vasculaire associé, et toujours après 35 ans, et surtout au désir d’enfant. « Le risque d’un allongement du délai de conception au-delà de un an est augmenté de 40 %, les chances de réussite d’une PMA diminuées dans les mêmes proportions », rapporte le Pr Olivier Parant, Pôle de gynécologie, obstétrique et médecine de la reproduction (CHU de Toulouse). Au 1er trimestre, le risque de grossesse extra-utérine est augmenté, la mobilité tubaire étant réduite, le risque de fausse couche précoce plus élevé. Le taux de prématurité est doublé, celui d’hématome rétroplacentaire multiplié par 1,5, les retards de croissance plus nombreux, ainsi que les pathologies néonatales, en rapport avec une fonction respiratoire altérée, l’oxyde carbone se fiant sur l’hémoglobine fœtale. La plupart de ces inconvénients sont évités si l’arrêt se produit avant le 3e trimestre de grossesse.
70 % des femmes enceintes fumeuses deviennent “naturellement “ abstinentes, 17 % de femmes (elles étaient 30 % avant la grossesse) restant fumeuses à l’accouchement.
Une aide à l’arrêt doit être proposée à toutes les occasions de consultation (les 7 examens obligatoires, l’entretien prénatal précoce, les 3 échographies de dépistage, les 8 séances de préparation à l’accouchement et le dépistage dentaire du 4e mois de grossesse) et les substituts prescrits à tout moment (y compris pendant l’allaitement), quel qu’en soit la forme, sans sous-dosage (le volume de distribution de la nicotine étant ici bien supérieur). « En post-partum, 80 % des femmes sevrées rechutent (30 % dès le 1er mois), probablement parce que l’arrêt n’était pas choisi, mais une contrainte imposée par la grossesse », suggère-t-il.
La gingivite gravidique
Enfin, « le tabac multiplie le risque de maladies parodontales (3 à 6 fois vs un non-fumeur selon la quantité de tabac et le nombre d’années de tabagisme) en facilitant l’installation d’une microflore à Gram -, en potentialisant la virulence de ces bactéries qu’il met à l’abri du système immunitaire, en provoquant la libération de médiateurs pro-inflammatoires, en freinant la régénération cellulaire, etc. », décrit le Dr Anne Polo, chirurgien dentiste à Metz. La gingivite gravidique inhérente au flux hormonal est, sur ce terrain tabagique, amplifiée, marquée par une susceptibilité accrue aux irritations, la diffusion de germes faisant courir un risque obstétrical, accouchement prématuré, pré-éclampsie, bébé de petit poids de naissance.
* Lors d’un atelier organisé dans le cadre des Entretiens de Bichat, le 26 septembre
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