LE QUOTIDIEN : Quelle est la vocation de l’Institut universitaire du poumon ?
Pr PHILIPPE BONNIAUD : Elle est de fédérer les compétences disponibles au CHU de Dijon pour optimiser les parcours des patients et leur permettre de bénéficier des thérapeutiques les plus innovantes. Nous développons de multiples activités : diagnostic, soins, formation et recherche.
C’est un projet qui motive particulièrement les équipes. L’Institut universitaire du poumon rassemble près de 200 professionnels : 14 médecins, 70 infirmières, 40 aides-soignants, 12 agents des services hospitaliers, 5 assistants de recherche, 4 kinésithérapeutes, 2 psychologues, 1 enseignant d’activité physique adaptée et 15 secrétaires. Vingt-cinq internes de pneumologie sont également formés.
Nous disposons par ailleurs de notre propre centre d’exploration fonctionnelle respiratoire et nous sommes en capacité de réaliser des endoscopies bronchiques, des bronchoscopies rigides ou encore des poses de valves en cas d’emphysème.
Quelles sont les spécificités de l’Institut du poumon dans l’accueil et le traitement des patients ?
La première spécificité dijonnaise est la prise en charge des patients les plus graves en soins intensifs respiratoires. Dix lits sont dédiés à cette activité et nous disposons également d’une unité de sevrage respiratoire pour des personnes souvent trachéotomisées qui sortent d’une réanimation très prolongée et auxquelles nous proposons une kinésithérapie pour les remuscler progressivement. Nous avons également mis en place une permanence de soins, accessible 24 heures sur 24 sept jours sur sept, à l’échelle de la Bourgogne et de notre groupement hospitalier de territoire. Dans le cadre de notre collaboration avec les pneumologues libéraux ou qui exercent dans les autres centres hospitaliers du territoire, nous accueillons aussi en hôpital de jour ou de semaine des patients sous ventilation non invasive afin d’assurer leur surveillance.
Notre deuxième spécificité est la prise en charge globale en oncologie thoracique, du dépistage aux soins palliatifs. En termes de traitement, plus de 3 000 chimiothérapies ou immunothérapies ont été administrées l’an dernier.
Nous bénéficions également de plusieurs reconnaissances nationales : l’Institut est centre de référence constitutif des maladies pulmonaires rares de l’adulte - nous comptons par exemple une file active de 650 patients atteints de fibrose pulmonaire -, centre de compétences pour l’hypertension pulmonaire (avec plus de 200 patients), centre référent de l’asthme sévère dans le cadre du réseau national Crisalis (avec plus de 450 patients) et centre référent pour la prise en charge des troubles respiratoires du sommeil (avec plus de 4 000 patients). J’ajoute que notre expertise est également reconnue en allergologie respiratoire.
Quelles seront vos priorités en matière de recherche ?
Nous avons défini trois axes majeurs. En premier lieu, dans le cadre de la recherche clinique, nous proposons des protocoles thérapeutiques de molécules innovantes, en phase 2 ou 3, à des patients souffrant de cancers thoraciques, de maladies pulmonaires rares ou d’asthme sévère. Ensuite, je codirige une équipe au sein de l’unité Inserm U1231 avec laquelle nous développons des recherches translationnelles sur la fibrose pulmonaire. Nous avons notamment déposé des brevets précliniques de molécules pour traiter cette maladie rare. Notre troisième axe concerne l’analyse des variations de la sensorialité gustative chez des patients atteints de maladies respiratoires. Nous travaillons enfin sur la iatrogénie respiratoire, qui consiste à analyser les effets secondaires respiratoires des médicaments, quels qu’ils soient.
Maladies respiratoires chroniques, cancers du poumon, apnées du sommeil, asthme, allergies respiratoires sévères… Pourquoi ces pathologies sont-elles en augmentation ?
Ce sont des maladies dépendantes de l’environnement. Le tabac est une problématique majeure mais il ne faut pas oublier l’environnement professionnel et bien sûr la pollution.
L’augmentation et la modification des allergies respiratoires sont liées au réchauffement climatique, avec des modifications de pollen par exemple. Il s’agit d’un enjeu majeur de santé publique car, selon l’Organisation mondiale de la santé, les maladies respiratoires se classent désormais au troisième rang des maladies chroniques.
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