Le directeur général de la Santé publique aux États-Unis, Jerome Adams, a recommandé, ce mardi des mesures « incisives » contre la cigarette électronique, dont l'usage est en pleine expansion chez les mineurs. « Les cigarettes électroniques ne sont pas sans danger », ajoute-t-il, soulignant que « l'exposition à la nicotine au cours de l'adolescence peut entraver le développement du cerveau, qui continue de se développer jusqu'à l'âge de 25 ans environ ».
L'usage de la cigarette électronique a augmenté l'an passé de 78 % parmi les lycéens américains, dont un sur cinq reconnaît maintenant utiliser des appareils destinés à inhaler des vapeurs de nicotine liquide, souvent parfumée et hautement addictive. Au total, plus de 3,6 millions de jeunes Américains consomment aujourd'hui des cigarettes électroniques.
Pour Jerome Adams, bien que les cigarettes électroniques contiennent moins de substances toxiques que les produits combustibles, « elles peuvent exposer leurs utilisateurs, en plus de la nicotine, à des substances chimiques dangereuses (...) dont des métaux lourds, des composés organiques volatils et des particules ultrafines pouvant être inhalées à pleins poumons », prévient-il.
Jerome Adams a demandé aux parents, médecins et enseignants de prendre une série de mesures, dont l'interdiction des cigarettes électroniques en intérieur. Il a directement mentionné ceux de la marque Juul, particulièrement populaire auprès des jeunes avec des cigarettes en forme de clé USB.
L'effet du cannabis démultiplié dans les e-cigarettes
Ces recommandations ont une résonance particulière, au moment où la cigarette électronique devient un mode privilégié de consommation du cannabis dans les États américains qui en autorisent l’usage récréatif. Des études récentes montrent d’ailleurs la plus grande biodisponibilité du THC contenu dans le cannabis consommé de cette manière.
Selon des résultats publiés dans le « JAMA Network Open », le cannabis provoque des effets plus importants sous sa forme vaporisée que sous sa forme fumée, à dose équivalente. Les chercheurs de l’école universitaire de médecine de Baltimore, dans le Maryland, ont exposé 17 patients à des doses de 0, 10 et 25 mg de THC sous la forme de cannabis à fumer, puis sous la forme de liquide pour cigarette électronique. Une période d’une semaine était observée entre chaque session. Ces 17 patients d’un âge moyen de 27 ans, sont tous des usagers irréguliers de cannabis : aucun n’en avait consommé dans le mois écoulé, et leur dernière consommation date de plus d'un an.
Au bout de 10 minutes, l’absorption de 25 mg de THC est associée à un taux maximum de 14ng/mL de THC chez les volontaires vapoteurs contre seulement 10,2 ng/mL chez les volontaires fumeurs. Après une prise de 10 mg, ces taux s’établissent à respectivement 7,5 et 3,8 mg/mL.
Les doses employées sont relativement faibles, comparées à celles que l’on trouve sur le marché. « La plus haute dose de cannabis de cette étude, 25 mg, est significativement plus faible et moins concentrée que ce que l’on retrouve dans les joints pré roulés dans les dispensaires de cannabis, affirment les auteurs. En moyenne, ces derniers contiennent environ 1 g de cannabis avec une concentration en THC de l’ordre de 18 %. »
Pour évaluer les effets, les participants ont été invités à répondre à un questionnaire portant sur le niveau d’appétit, de motivation, l’état de bien-être ou au contraire de mal-être, la perception d’une paranoïa, d’une anxiété, d’une fatigue accentuée ou encore la sensation de bouche sèche. Les participants ayant consommé 25 mg de THC par vapotage attribuent un score moyen de 77,5 pour évaluer l’intensité globale des effets, alors qu’il atteint 66,4 pour ceux qui ont fumé la même dose.
À ce jour, le cannabis médical a été autorisé dans 30 États américains, et l’usage récréatif est autorisé dans 9 États. D’autres pays comme le Canada ou l’Uruguay ont également autorisé le cannabis récréatif. Pour les auteurs de l'étude, « ces évolutions ont conduit à l’apparition de nouvelles formulations du cannabis », dont les propriétés pharmacocinétiques ne sont pas bien connues, « alors que ces dernières sont essentielles pour établir de recommandations en termes de dosages et des politiques publiques vis-à-vis du cannabis », principalement à destination des consommateurs occasionnels.
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