Moins d’hypoglycémies nocturnes, meilleur contrôle

Un pancréas artificiel rend des enfants diabétiques indépendants pour une nuit

Publié le 28/02/2013
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Crédit photo : PHANIE

Le maintien d’une normoglycémie nocturne est extrêmement important et difficile, puisque la majorité des hypoglycémies sévères surviennent la nuit. Celles-ci sont responsables de 75 % des convulsions hypoglycémiques de l’enfant et pourraient être associées à 6 % des décès parmi les diabétiques de type 1 âgés de moins de 40 ans. L’utilisation d’un pancréas artificiel pourrait offrir une solution à ce problème majeur d’hypoglycémie nocturne.

 

Son principe est d’associer une pompe à insuline à un capteur mesurant en continu le taux de sucre dans le sang, et de contrôler la pompe à insuline au moyen d’algorithmes informatisés qui, en fonction des mesures fournies en temps réel par le capteur, déterminent la dose d’insuline à délivrer.

De récentes études conduites à l’hôpital ont montré que des pancréas artificiels, développés par des équipes en France et ailleurs dans le monde, peuvent améliorer le contrôle glycémique et réduire le risque d’hypoglycémie nocturne.

Ces résultats encourageants doivent toutefois être confirmés en dehors de l’hôpital. Phillip et coll. (consortium DREAM) ont maintenant évalué un pancréas artificiel (MD-logic) pour contrôler la glycémie nocturne chez des enfants diabétiques de type 1 séjournant dans un camp pendant trois jours.

Dans une étude randomisée croisée menée dans trois camps (en Israël, en Slovénie et en Allemagne), 56 enfants (âgés de 10 à 18 ans) ont été affectés par randomisation au traitement par le pancréas artificiel pendant la première nuit suivi du traitement par pompe à insuline avec capteur (témoin) pendant la seconde nuit, ou au traitement dans l’ordre inverse.

Données personnalisées.

Tous ces enfants avaient participé au préalable, pendant cinq à dix jours, à une évaluation durant laquelle ils utilisaient une pompe à insuline et un capteur mesurant la glycémie ; le capteur pouvait être programmé pour émettre une alarme sonore en cas de glycémie élevée (› 19,4 mmol/l) ou basse (< 4,2 mmol/l) avec un délai d’anticipation de vingt minutes ; de plus, les enfants enregistraient leurs repas et divers événements (exercice, épisodes hypoglycémiques) de façon à ce que ces données puissent être utilisées pour personnaliser le pancréas artificiel.

Trois critères majeurs d’efficacité ont été évalués : le nombre d’épisodes hypoglycémiques (glycémie ‹ 3,5 mmol/l pendant au moins dix minutes), la durée d’une hypoglycémie (< 3,3 mmol/l) et la glycémie nocturne moyenne pour chaque patient.

Les résultats, publiés dans le « New England Journal of Medicine » montrent l’efficacité du pancréas artificiel, ainsi que sa sécurité (aucun événement indésirable grave) : le pancréas artificiel MD-logic réduit les épisodes d’hypoglycémie nocturne (7 épisodes contre 22) et leur durée. Il améliore également le contrôle de la glycémie nocturne (valeurs moyennes de 7 mmol/l contre 7,8 mmol/l) chez les enfants.

Une sorte de gluco-sitter.

« C’est la première fois qu’un système automatisé en boucle fermée contrôle l’infusion d’insuline dans le diabète de type 1 dans le cadre d’une étude prospective randomisée croisée conduite en dehors de l’hôpital », souligne auprès du Quotidien le Pr Moshe Phillip (vice-doyen de la Faculté de médecine Sackler de l’Université de Tel-Aviv et directeur de l’Institut d’Endocrinologie et Diabète au Centre Schneider).

« C’est à notre avis la nouvelle approche pour garder la glycémie dans les valeurs normales la nuit, un peu comme un " gluco-sitter ", ajoute-t-il, en faisant référence à la baby-sitter. Nous avons déjà commencé des études évaluant ce pancréas artificiel chez des patients à domicile. Ce pancréas artificiel MD-logic à une chance de devenir une réalité dans un futur proche pour les patients atteints du diabète de type 1. »

Phillip et coll., p 824., New England Journal of Medicine du 28 février 2013.

DE NOTRE CORRESPONDANTE, Dr VÉRONIQUE NGUYEN

Source : Le Quotidien du Médecin: 9222