Dans l’année qui a suivi l’opération, la jeune fille a gagné 6 cm en taille, passant de 137 à 143 cm et elle a pris 5 kg. Cette intervention pionnière est à même d’ouvrir des perspectives pour les patients qui ont besoin d’un segment veineux. On pense à ceux qui sont en dialyse et à ceux qui doivent subir des pontages coronariens. Ce nouveau type de greffon permet d’éviter les problèmes des tissus synthétiques (avec les tendances aux caillots et aux obstructions) ou ceux liés à la nécessité d’immunosuppresseurs à vie pour un tissu allogénique.
Et puis on a évité à la jeune patiente « le traumatisme du recueil de ses propres veines au niveau profond du cou ou dans les membres inférieurs ; de même qu’on lui a évité la nécessité de transplantation hépatique ou multiviscérale. »
Les chercheurs de l’Université de Gothenburg ont prélevé au niveau de l’aine un segment de 9 cm d’une veine iliaque chez un donneur décédé. La veine a été entièrement décellularisée. La matrice acellulaire ainsi obtenue forme un tube composé juste d’un échafaudage de protéines. L’échafaudage a été mis en incubation avec des cellules souches prélevées dans la moelle osseuse de la jeune patiente. Deux semaines après cet ensemencement, le greffon veineux a été réimplanté au cours d’une procédure de dérivation dite « meso-rex ». Il n’y a pas eu de complications post-chirurgicales. Le flux sanguin normal a été immédiatement restauré.
Un an après cette première procédure, une réduction du flux sanguin portal est notée, avec un rétrécissement du greffon. Avec la nécessité de procéder à une nouvelle greffe d’un greffon réalisé sur un mode identique, de façon à rallonger le premier.
Pas de prise d’immunosuppresseur
Après cette seconde intervention, la pression portale s’est réduite de 20 mm Hg à 13 mm Hg, avec un flux sanguin de 25-40 cm/s. Cette récupération de la circulation portale s’est associée à une amélioration de l’état physique et mental de la jeune patiente.
La patiente va bien depuis. Elle est capable de faire des marches de 2 à 3 km, et de la gymnastique douce.
Un fait important à souligner est qu’elle n’a pas développé d’anticorps anti-donneur, alors qu’elle ne prend pas d’immunosuppresseur.
Ce travail préliminaire « établit la faisabilité et la sécurité de ce nouveau paradigme de traitement, dans les cas d’insuffisance veineuse, d’obstruction veineuse ou de veines autologues inadéquates », écrivent les auteurs. « De plus, notre travail ouvre des nouvelles aires de recherche, notamment pour un remplacement artériel, pour des patients qui ont une fistule artério-veineuse pour une dialyse, ou une chirurgie de pontage coronarien ».
The Lancet, en ligne le 14 juin 2012. Doi : 10.1016/S0140-6736(2)60633-3.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024