Pr Agnès Linglart (Société française de pédiatrie) : "Faire face aux défis des épidémies hivernales"

Chaque hiver, les pédiatres et les médecins généralistes, tant hospitaliers que libéraux, sont confrontés au même enjeu : faire face aux pathologies, principalement respiratoires, qui affectent les jeunes patients. La gestion de ces affections représente un défi, nécessitant une prise en charge optimale des nourrissons et des enfants, tout en préservant la capacité d’accueil des hôpitaux. Nous sommes tous conscients que cette période de l’année est cruciale, particulièrement pour l’image de notre spécialité. L’hiver met en lumière la pédiatrie, soumise à une couverture médiatique intense, surtout lorsqu’il s’agit de gérer l’afflux d’enfants, parfois dans des contextes de saturation des lits hospitaliers et de difficultés de recrutement du personnel médical.

Aujourd’hui, nous disposons d’outils supplémentaires pour relever ce défi, grâce aux progrès réalisés dans la prise en charge de la bronchiolite. L’arrivée du nirsévimab (Beyfortus) offre la possibilité de réduire le nombre de formes graves de bronchiolite. En immunisant précocement les nouveau-nés et les nourrissons à risque, l’objectif est de modifier la cinétique de l’épidémie annuelle, responsable d’environ 35 000 hospitalisations chez les nourrissons de moins d’un an.

Cependant, l’hiver n’est pas uniquement la saison des bronchiolites. Année après année, nous devons également prendre en charge les formes sévères de grippe, ainsi que d’autres pathologies infectieuses pouvant entraîner des hospitalisations. Notre responsabilité englobe la prise en charge des maladies chroniques, des maladies rares, du handicap, des soins critiques, de la santé mentale, de l’enfance en danger et des interventions chirurgicales. Plus que jamais, nous avons besoin du soutien de nos autorités de tutelle. Les Assises de la pédiatrie et de la santé de l’enfant (pour le moment annoncées en janvier 2024, NDLR) devraient favoriser une meilleure coordination des parcours de soins et, espérons-le, améliorer l’accueil des enfants à l’hôpital. Cette année, il est impératif de recueillir toutes les données disponibles sur la gestion de l’épidémie hivernale, afin d’en tirer des enseignements précieux pour une meilleure organisation l’année suivante.

En tant que société savante, la SFP s’engage pleinement à faire progresser la recherche en pédiatrie, tout en assumant une autre mission cruciale : la formation des professionnels de la santé de l’enfant. Cette formation s’exprime lors de notre congrès annuel, qui aura lieu cette année du 14 au 17 mai 2024, à Nantes, et tout au long de l’année, à travers des webinaires en collaboration avec d’autres sociétés savantes spécialisées en pédiatrie.

Je tiens aussi à souligner l’engagement continu de la SFP pour le développement de la formation et de la recherche au profit de tous les pédiatres francophones réunis au sein de l’Association des pédiatres de langue française (APLF).