En maternelle, un enfant sur 12 serait concerné par au moins une difficulté de santé mentale, selon l’étude épidémiologique Enabee, la première à porter sur le bien-être et la santé mentale des enfants de 3 à 11 ans, scolarisés en maternelle ou en élémentaire en France hexagonale.
Lancée en 2022 par Santé publique France (SPF), l’« étude nationale sur le bien-être des enfants » croise trois regards : ceux des parents, des enseignants, et des enfants à partir du CP. Elle mesure 3 types de difficultés et troubles probables : émotionnels, oppositionnels et déficit d’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). « Il ne s’agit pas de diagnostics cliniques mais d’une analyse croisée des points de vue déclarés pour chaque enfant, ayant permis d’identifier des symptômes, leur impact sur la vie de l’enfant et, au-delà de certains seuils, des difficultés et troubles probables », est-il précisé.
13 % des enfants de maternelle ont déjà consulté pour un trouble
En croisant ainsi les points de vue des parents et des enseignants pour 2 683 enfants issus de 246 écoles tirées au sort en 2022, il ressort que 8,3 % des enfants de 3 à 6 ans présentent au moins un type de difficultés probables de santé mentale. Dans le détail, 1,8 % présentent des difficultés émotionnelles, 5,9 % présentent des difficultés oppositionnelles et 1,9 % présentent des difficultés d’inattention/hyperactivité. Les garçons présentent plus de difficultés probables avec retentissement sur leur vie que les filles (11,3 % versus 5,2 % respectivement).
Par ailleurs, près de 13 % des enfants scolarisés en maternelle ont consulté au moins une fois un professionnel de santé, au cours des douze mois précédant l’étude, pour des difficultés psychologiques ou d’apprentissage. Une proportion qui s’élève à un tiers, pour les enfants présentant un type de difficulté probable.
Le niveau de bien-être des enfants, tel qu’estimé par les parents, peut être considéré comme bon, aussi bien pour les filles que pour les garçons.
Pour rappel, les premiers résultats de l’étude Enabee chez les plus âgés, de 6 à 11 ans, montraient que 13 % des élèves présentent au moins un trouble probable de santé mentale : 5,6 % un trouble émotionnel probable, 6,6 % un trouble oppositionnel et 3,2 % un trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH).
Développer les compétences psychosociales
Les auteurs insistent sur la prudence dans l’interprétation des résultats. « À ces âges précoces, les difficultés de comportement ou émotionnelles peuvent évoluer rapidement et leur mesure est impactée par les perceptions et attentes des adultes répondants ». Ces résultats donnent une photographie des besoins des enfants, qui a vocation à être réitérée dans le temps. « La récurrence de l’étude permettra d’avoir une meilleure compréhension de l’évolution de la santé mentale de ces populations fragiles et d’adapter au mieux la réponse à leurs besoins. La santé mentale des enfants est étroitement liée à des multiples facteurs, individuels, sociaux et structurels. Cette étude permet de les identifier et donc de cibler les facteurs pouvant l’altérer et ce, dès la petite enfance, période critique du développement des enfants », commente la Dr Caroline Semaille, Directrice générale de SPF.
D’ores et déjà, ces données indiquent la nécessité de renforcer les compétences psychosociales des enfants, définies comme ensemble de compétences cognitives, émotionnelles et sociales, qui permettent de maintenir un état de bien-être avec soi et les autres. Dès 2022, SPF a publié un état des lieux des connaissances qui devrait être complété en 2025 par de nouvelles ressources. L’agence a aussi participé à la construction du kit empathie de l’Éducation Nationale, généralisé à la rentrée 2024 dans les écoles maternelles et élémentaires.
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