À l'étude, une dose unique de gel antibiotique

Des chercheurs de Harvard ont mis au point un hydrogel de ciprofloxacine à diffusion lente transtympanique pour traiter les otites moyennes aiguës (OMA). Le traitement d'une OMA pourrait être simplifié à l'extrême grâce à ce gel auriculaire efficace en une seule application.

Administré dans le canal auriculaire, l'hydrogel se solidifie rapidement et reste en place, laissant l'antibiotique diffuser graduellement, sur une semaine, à travers le tympan dans l'oreille moyenne. Un passage transtympanique impossible jusqu'alors avec une solution auriculaire d'ofloxacine par exemple, aujourd'hui réservée à certaines indications précises où le tympan est perméable : otites sur aérateurs transtympaniques et sur cavités d'évidement, otites chroniques à tympan ouvert. Après trois semaines, il ne reste plus trace de l'hydrogel dans le conduit. La clef de l'innovation technologique repose sur l'utilisation de composés dont la structure lipidique est proche de celle de la membrane externe du tympan. Ces composés (« chemical permeation enhancers » en anglais) s'insèrent dans la membrane et ouvrent des pores moléculaires, à travers lesquels peut passer l'antibiotique.

Une diffusion limitée

Dans l'étude préclinique que publie « Science Translational Medicine », une application unique s'est révélée parfaitement efficace sur le chinchilla souffrant d'une otite moyenne aiguë à Hæmophilus influenzae. La tolérance du traitement d'une otite moyenne aiguë devrait être globalement améliorée en raison d'une diffusion limitée à l'oreille moyenne, par comparaison avec le traitement oral, nécessairement à doses élevées pour atteindre sa cible, qui provoque au minimum des désordres digestifs. Avantage collatéral supposé, permis par cette administration unique, la diminution des germes résistants (qui prolifèrent à la faveur de traitements interrompus, aux premiers signes de mieux-être) et ainsi des épisodes infectieux récurrents… Grâce à l'obtention récente d'une subvention publique sur cinq ans par les National Institutes of Health (NIH), l'équipe du Boston Children's Hospital doit lancer dans les mois à venir une étude clinique. Une attention particulière sera portée aux potentiels effets sur l'audition.