Michel Habib, neurologue au CHU de Marseille et directeur médical d’une structure baptisée Résodys, destinée aux enfants et adolescents souffrant de troubles d’apprentissage, a choisi une formule originale de « conférence-concert » pour évoquer « une nouvelle science de l’apprentissage autour du cerveau et de la musique. »
Cette conférence réalisée avec la musicienne Alice Dormoy, dans le cadre du cycle des « Rencontres de l’Université », a été conçue pour rendre compte de récentes recherches en neurosciences qui démontrent que l’apprentissage d’un instrument de musique est capable de modifier profondément le fonctionnement de zones particulières du cerveau et la structure même des faisceaux qui unissent entre elles ces différentes zones. « Une équipe de chercheurs avait déjà montré il y a une quinzaine d’années, la plasticité cérébrale au travers de l’étude du cerveau de personnes qui faisaient de la musique. Vous ne pourrez trouver d’activité aussi intensive et aussi répétitive que celle-là avec autant d’effets sur le cerveau », explique le Dr Habib. Il poursuit : « Nous travaillons avec une équipe du CNRS, spécialisée sur les questions de musique et cerveau, étudiés sur différents groupes d’enfants. En termes pratiques, ce qui ressort de ces premiers travaux, c’est que, pour n’importe quel enfant, faire de la musique peut avoir un effet favorable sur les apprentissages en général et la lecture en particulier. C’est très intéressant pour nos enfants qui ont des difficultés d’apprentissage. »
Des applications pratiques
En réalité, ces études révèlent que, au-delà même de « faire de la musique », c’est l’apprentissage d’un instrument sur le long terme qui permet encore davantage les progrès dans les troubles de dyslexie par exemple. « On a pu repérer que l’apprentissage du piano par exemple, favorise une représentation spatiale des sons. On va vers une sorte de triangulation entre le visuel, l’auditif et le moteur. Ce qu’on développe comme idée sous-jacente, c’est que faire du sensori-moteur, c’est mieux que de faire que du sensoriel. Apprendre un instrument sculpte le cerveau lui-même et les connexions entre différentes zones d’une façon assez unique », indique le spécialiste des troubles de l’apprentissage.
Ce travail permet d’ouvrir de nouvelles perspectives tant en matière d’enseignement que de rééducation et ce tout particulièrement pour les enfants et adolescents qui souffrent de difficultés d’apprentissage (dyslexiques, dyspraxiques, etc.). Une méthode spécifique autour de l’apprentissage de la musique a été développée par une équipe de chercheurs, enseignants et professionnels dans le réseau Résodys. Elle s’appelle Mélodys. « Nous avons mis en place des ateliers intensifs, confirme le Dr Habib, avec une méthode destinée à apprendre aux dyslexiques à jouer de la musique malgré leurs difficultés et on peut commencer à mesurer ce qui se passe en se basant de cette notion d’apprentissage sensori moteur. » Les enseignants et orthophonistes ont déjà commencé à utiliser la musique comme outil de rééducation dans la prise en charge des dyslexiques notamment. Marseille pourrait se révéler un centre ressources en la matière pour la formation.
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