Comment repérer un syndrome inflammatoire multisystémique pédiatrique (PIMS) ? La Haute Autorité de santé (HAS) publie des réponses rapides à destination des généralistes et des pédiatres, pour les aider à repérer cette affection rare, grave, et nécessitant une prise en charge précoce et hospitalière. Une tâche délicate, eu égard aux symptômes peu spécifiques d'un syndrome peu connu.
Le PIMS est une nouvelle entité inflammatoire systémique chez l'enfant apparue lors de la pandémie de coronavirus, rappelle la HAS. Dès la fin avril 2020, des pédiatres français ont observé une augmentation anormale de cas ressemblant à la maladie de Kawasaki et de cas de myocardites avec état de choc cardiogénique chez des enfants ayant récemment contracté une infection à SARS-CoV-2. D'autres cas ont depuis été décrits dans les études scientifiques menées en Europe, en Amérique du Nord ainsi qu'en Asie et en Amérique latine. Au 13 juin 2021, 520 cas ont été recensés en France, dont un décès. Deux tiers des enfants ont été hospitalisés en soins intensifs.
Fièvre, altération de l'état général, signes digestifs fréquents
Dans le contexte actuel de pandémie de Covid-19, les médecins doivent penser au diagnostic de PIMS lorsqu'ils observent chez les enfants (en particulier de 4 à 11 ans) l'association des signes suivants :
- une fièvre élevée, souvent supérieure à 39 °C ;
- une altération marquée de l'état général : apathie, asthénie extrême, perte d'appétit, frissons, pâleur, douleurs diffuses, marbrures ;
- des signes digestifs très fréquents : douleurs abdominales, diarrhée, nausées, vomissements, syndrome pseudo-appendiculaire (le plus souvent, l'abdomen est souple à la palpation).
Les médecins doivent être attentifs à d'autres signes cliniques, présents mais de manière variable : des signes de choc (pâleur, polypnée, tachycardie, pouls filant, hépatomégalie, temps de recoloration cutanée allongé, instabilité tensionnelle ou hypotension), des signes cutanés et muqueux (injection conjonctivale, éruption maculo-papuleuse, prurit, œdème et rougeur des extrémités, lèvres sèches et fissurées, glossite), des signes neurologiques (irritabilité, céphalées, méningisme, confusion) et respiratoires (polypnée, toux).
Un historique d'infection à SARS-CoV-2 récente, dans les 4 à 6 semaines précédentes, ou de contact proche avec une personne infectée par le virus est un élément évocateur, mais l'inverse ne permet pas d'écarter la possibilité d'un PIMS (qui peut survenir après une forme pauci ou asymptomatique).
Transférer l'enfant en urgence
Au moindre doute, la HAS recommande de transférer rapidement l'enfant en service hospitalier, voire de contacter le SAMU s'il présente des signes de défaillance hémodynamique (sans attendre la réalisation d'un bilan biologique complémentaire). « Il s’agit d’une maladie grave avec un risque de décompensation cardiaque à la phase aiguë », insiste la HAS.
Une fois à l'hôpital, l'enfant doit bénéficier d'une prise en charge multidisciplinaire (urgentistes, réanimateurs, cardiologues, infectiologues, rhumatologues, etc.), en pédiatrie. Les examens complémentaires doivent s'attacher à évaluer le syndrome inflammatoire, les troubles de la coagulation, le bilan infectieux et les examens susceptibles de détecter les atteintes spécifiques.
Le traitement vise à prévenir et corriger d'emblée les défaillances d'organes (défaillance cardiaque, vasoplégie), réduire rapidement l'inflammation, limiter les risques de séquelles.
Les enfants doivent ensuite être suivis à un rythme et selon des modalités définis par le médecin traitant et le milieu pédiatrique hospitalier. Lorsque les atteintes sont cardiaques, ce suivi doit être plus rapproché, lit-on. La Société française de pédiatrie propose un protocole de collecte de données cliniques et d'explorations complémentaires ainsi qu'une fiche d'évaluation à 6 mois de l'évolution d'une infection à SARS-CoV-2 chez les enfants ayant présenté un PIMS. Enfin, tous les cas de PIMS doivent être signalés à Santé publique France.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024