L’asthme est la première maladie chronique de l’enfant, et touche environ 8 % des enfants d’âge scolaire. La corticothérapie inhalée en a révolutionné la prise en charge. Depuis la première publication sur ses bénéfices chez l’enfant en 1973 (1), son utilisation s’est progressivement généralisée et toutes les recommandations actuelles font des corticoïdes inhalés le traitement de fond de première intention de l’asthme pédiatrique, y compris chez le nourrisson. Les corticoïdes inhalés ont démontré leur efficacité sur de nombreux indicateurs de morbidité liés à l’asthme comme les exacerbations, les symptômes quotidiens, ou les fonctions respiratoires. Leur administration à tous les âges de l’enfance a été rendue possible grâce au développement de chambres d’inhalation simples d’utilisation. Leur tolérance est excellente lorsque les doses faibles recommandées en pédiatrie sont respectées.
1 600 enfants en soins intensifs
Malgré ces progrès indiscutables, la morbidité liée à l’asthme pédiatrique reste très élevée en France, comme dans d’autres pays. D’après les données de l’institut de veille sanitaire (INVS) [2] le taux annuel d’hospitalisation pour asthme des enfants de moins de 15 ans, standardisé pour l’âge, a augmenté de 2002 à 2010, au rythme moyen de +2,5 % par an. Ces hospitalisations concernent pour plus des deux tiers des enfants de moins de 5 ans. Elles nécessitent le recours à une réanimation ou une unité de soins intensifs dans 4 à 5 % des cas, soit environ 1 600 enfants chaque année. Ces chiffres en eux-mêmes témoignent d’une prise en charge non optimale de l’asthme pédiatrique en France, et de l’absence de progrès sur une décennie, voire d’une dégradation. On pourrait espérer que ces hospitalisations soient l’occasion de la mise en place d’une prise en charge mieux adaptée. L’enquête de l’INVS suggère malheureusement que ce n’est pas le cas. En effet, le taux de réadmission dans l’année qui suit une première hospitalisation reste supérieur à 10 % au cours des différentes années de l’étude (11,8 % en 2010), et augmente même significativement chez les enfants de moins de 5 ans. Ce chiffre reste très élevé, car 2 à 5 fois supérieur au risque « spontané » pour un enfant asthmatique d’être hospitalisé à cause de son asthme, selon son âge. Il signifie donc clairement qu’une première hospitalisation n’a pas été l’occasion de prendre les mesures permettant un meilleur contrôle de l’asthme.
Ce lien de cause à effet entre prise en charge inadéquate et hospitalisation a été parfaitement illustré dans une autre enquête de l’INVS évaluant le profil clinique des enfants asthmatiques âgés d’au moins 3 ans et hospitalisés pour asthme au cours de l’année 2007 (3). Trois-quarts des enfants étaient déjà connus comme asthmatiques. Parmi ceux-ci, trois-quarts avaient consulté en urgence pour asthme dans l’année précédente, les deux-tiers avaient un contrôle insuffisant de leur asthme sur les 12 derniers mois, mais seulement 40 % avaient une corticothérapie inhalée au long cours.
Cet état des lieux n’est pas acceptable, car l’asthme de l’enfant est en grande majorité léger, et donc facile à contrôler par une corticothérapie inhalée à faible dose. L’absence de contrôle de l’asthme est péjorative pour l’enfant, car associé à une baisse de sa qualité de vie. Il y a donc nécessité d’améliorer le parcours de soins de l’enfant asthmatique. La prise en charge ne doit pas être centrée uniquement sur l’urgence et la gestion des exacerbations, mais doit intégrer un suivi au long cours et de proximité. Le médecin traitant de l’enfant a donc une place centrale dans ce dispositif. Un renforcement des liens entre ville et hôpital est nécessaire. Les enjeux de cette réflexion ne sont pas négligeables, les frais d’hospitalisation représentant environ 50 % du poids financier de l’asthme (4).
(1) Brown et al. Br Med J. 1973;3:161
(2) Delmas et al. Arch Ped 2013;20:739
(3) Fuhrman et al. J Asthma. 2011;48:565.
(4) Com-Ruelle et al. CREDES, Rapport n° 516, 2002
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024