Pédiatrie néonatale

Des pistes prometteuses

Publié le 18/11/2013
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Crédit photo : PHANIE

" Au cours des dernières années, on a enregistré un certain nombre de progrès en néonatologie. Nous avons aussi ouvert des pistes qui s’avèrent relativement prometteuses. Dans ce domaine, les choses avancent souvent assez lentement car la mise au point d’essais, incluant de très jeunes patients, demande beaucoup de temps et d’argent », explique le Pr Olivier Baud.

Une première piste prometteuse, explorée notamment en France et en Angleterre, concerne le domaine de la neuroprotection. « Nous avons utilisé des données expérimentales venues des laboratoires pour monter des essais visant à tester certaines molécules chez de très jeunes patients. Ces essais s’adressent à des enfants nés à terme qui vont présenter une anoxie à la naissance ou à des grands prématurés à risque de séquelles neurocognitives liées à des lésions diffuses », indique le Pr Baud. « L’objectif est d’essayer de protéger le cerveau de ces enfants et de réparer les lésions cérébrales pour éviter ou limiter un handicap d’origine périnatale. Pour cela, nous avons monté des essais randomisés et contrôlés qui ont bien sûr reçu le feu vert du Comité de protection des personnes (CPP). Il s’agit d’essais protocolisés avec un bras placebo et un bras avec la molécule candidate. Cela permet de juger de façon objective et en aveugle si les molécules testées sont bénéfiques, neutres ou délétères. Nous avons démarré cette année et nous pensons avoir une idée claire des résultats en 2 015 », précise le Pr Baud, en ajoutant que certaines molécules, en particulier, la mélatonine, « sont pour l’instant prometteuses ».

Les bénéfices du NIDCAP

Autre champ de progrès : les soins de développement. « Ces techniques viennent des États-Unis et de Scandinavie. Au début, les bénéfices, liés à ces soins de développement, étaient plutôt ténus. Mais désormais, nous avons des données plus robustes et probantes et ces soins sont en train de se généraliser dans les services de néonatalogie », indique le Pr Baud en soulignant notamment les effets bénéfiques du programme NIDCAP (Newborn Individualized Developmental Care and Assessment Program). « C’est un programme de soins de développement individualisés. L’objectif est de s’adapter au rythme du nourrisson, de respecter ses cycles biologiques, de faire participer les parents aux soins, d’être particulièrement attentif à la douleur. Avec ce programme, on veille à ne pas réveiller l’enfant à tout bout de champ, à limiter la lumière ainsi que les sur-stimulations ».

Récemment, des avancées ont aussi été enregistrées dans le domaine respiratoire, avec l’arrivée de nouvelles techniques de ventilation moins invasives. « Il y a la ventilation avec une sonde d’intubation et un ventilateur. Il y a aussi la ventilation non invasive avec un petit masque. Mais là, c’est un système encore moins invasif juste avec des lunettes et de l’air à haut débit, qui sera aussi efficace que la ventilation non invasive classique », constate le Pr Baud.

Une autre évolution notable est une homogénéisation des pratiques sur le niveau de saturation optimale pour les enfants. « À un moment, il y a eu un débat sur l’utilisation de hautes saturations ou de basses saturations d’oxygène. Des essais ont été menés à très large échelle avec l’inclusion de milliers d’enfants. Au final, ces essais ont démontré la nécessité que la saturation en oxygène soit supérieure à 90 ou 91 %. On sait désormais qu’il ne faut pas descendre en dessous car, sinon, cela peut induire une surmortalité. Avant d’avoir ces résultats, les pratiques étaient peu homogènes entre les centres qui avaient des limites de saturation différentes. Désormais, les pratiques sont beaucoup plus homogènes. C’est un élément d’amélioration des pratiques », souligne le Pr Baud.

D’après un entretien avec le Pr Olivier Baud, chef du service de réanimation et pédiatrie néonatales de l’hôpital Robert Debré et directeur d’équipe à l’unité Inserm U676.

 Antoine DALAT

Source : Bilan spécialistes