C’est à l’hôpital des Quinze-Vingts qu’a été posée en 2008 la première prothèse rétinienne Argus II par le Dr Pierre-Olivier Barale, avec l’équipe du Pr José-Alain Sahel, dans le cadre d’un premier essai multicentrique international. En 2014, le gouvernement français a accordé à cette technique le forfait Innovation. Une première implantation a pu ainsi être réalisée en novembre 2014 par le Dr Barale et l’équipe du Pr Sahel à l’hôpital des Quinze-Vingts et un compagnonnage a été mis en œuvre avec les équipes des CHU de Bordeaux et de Strasbourg. Dix-sept patients ont déjà pu bénéficier de la pose de cette rétine artificielle et le forfait d’innovation sur deux ans en prévoit un total de trente-six. Elle s’adresse, en France, aux patients non voyants souffrant d’une rétinopathie pigmentaire, maladie héréditaire qui engendre une dégénérescence progressive des cellules rétiniennes sensibles à la lumière et qui conduit inexorablement à la cécité. Le nerf optique est, lui, toujours intact. On estime à 40 000 le nombre de personnes atteintes dans notre pays. Une étude est en cours au Royaume-Uni chez des patients atteints de DMLA.
Le système Argus II de la société Second Sight utilise la stimulation électrique pour contourner les cellules hors d’usage et pour stimuler les cellules viables restantes afin d’induire une perception visuelle chez les non-voyants. Elle comprend deux parties. La partie interne (l’implant) comporte 60 électrodes épirétiniennes reliées à un boîtier électronique placé autour de l’œil dans la cavité orbitale et à une antenne. La partie externe se compose d’une caméra miniature placée sur des lunettes. Cette caméra envoie les images à un boîtier externe que porte le patient. Les images sont traitées et renvoyées à un émetteur placé également sur les lunettes. Les informations sont alors transmises à la prothèse rétinienne sous forme de pulsations qui viennent ensuite stimuler les cellules rétiniennes. Résultat : le cerveau perçoit les motifs lumineux et le patient apprend à les interpréter. Ils accordent ce qu’ils « voient » grâce au système à leurs souvenirs visuels. Le système permet de distinguer des formes, de repérer éventuellement des personnes, de mieux se diriger, de suivre quelqu’un qui les précède… Dans un certain nombre de cas, les patients peuvent arriver à lire sur des écrans.
Après l’implantation, la rééducation (de 3 à 6 mois) est nécessaire et intensive. « Chaque cas est particulier, souligne le Dr Pierre-Olivier Barale. La bonne tolérance de la prothèse, doit être soulignée. La chirurgie est bien codifiée et les résultats visuels permettent au patient de retrouver une aide à l’autonomie ».
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