Il a beau toujours être entre deux Thalys, le Dr Florian Bauzet ne donne pas l’impression de courir. Ton posé, gestes calmes, ce trentenaire dégage au contraire un sentiment d’équilibre. Une qualité qui n’est pas superflue pour un ophtalmo qui, comme lui, jongle avec les lieux et les modes d’exercice : le lundi, on le trouve à l’hôpital des Quinze-Vingts, dans le 12e arrondissement de Paris. Les autres jours, il consulte et opère au centre Point Vision de Lille-Lesquin, dont il assume la direction avec trois autres confrères, et pour lequel il est en train d’ouvrir un centre spécialisé en chirurgie réfractive et chirurgie des paupières. Ce qui ne l’empêche pas, assure-t-il, de pouvoir prendre le temps, du moins quand le Covid le permet, de voyager de profiter des terrasses avec ses amis.
Pourtant, ce n’est pas l’ophtalmologie qui attirait ce jeune médecin lors de son externat, effectué à Paris. « C’est une spécialité qu’on ne fait que survoler au début de nos études, et je m’orientais plutôt vers l’infectiologie ou la pneumologie », se souvient-il. Mais son dernier stage avant l’internat en a décidé autrement. « Je suis passé en ophtalmo, et ça a été une révélation, explique-t-il. J’ai été sensible au côté technique de la spécialité, au fait qu’on y fait à la fois de la consultation et de la chirurgie, et j’ai donc décidé de travailler encore plus pour pouvoir obtenir un rang à l’ECN qui me permette de l’obtenir. »
De la médecine, et seulement de la médecine
Dès son internat, toujours à Paris, le jeune homme commence à remplacer, et c’est ainsi qu’il fait la connaissance des centres Point Vision, groupe de centres ophtalmologiques qui couvrent l’ensemble du territoire. « Ils font vraiment tout pour attirer les jeunes remplaçants, ils s’occupent même de certaines démarches, et comme il y a vraiment beaucoup d’activité, c’est assez intéressant », détaille-t-il. Autre avantage : il s’agit de centres où le médecin n’a à s’occuper que de médecine. Toute la partie administrative est prise en charge, ce qui n’est pas pour déplaire à Florian. Après son assistanat, il continue donc à effectuer des remplacements au sein du groupe, et c’est ainsi que cet indécrottable Parisien se retrouve à Lille, pour remplacer un confrère malade.
« J’avais un mauvais réflexe, je ne voulais pas quitter Paris, mais j’ai découvert une autre manière de travailler, et les patients du Nord sont vraiment très agréables », explique-t-il. Résultat : Florian prend goût à la capitale des Flandres, au point de s’y installer, d’investir dans le centre et d’en devenir l’un des responsables. « Je sais que certaines personnes ont peur que Point Vision ne participe à l’uberisation de la médecine, reconnaît-il. Mais au contraire, c’est une médecine où l’on a vraiment le temps d’échanger avec les patients. » Et d’ailleurs, même devenu chef de centre, il continue à avoir une activité principalement médicale. « Nous sommes vraiment aidés par les responsables administratifs, et nous sommes surtout là pour décider », explique-t-il.
Une discipline à part
C’est donc une manière toute spéciale d’exercer l’ophtalmologie qu’a choisie le néo-Lillois. Mais ne serait-ce pas l’ophtalmologie en elle-même qu’il faudrait considérer comme une discipline à part ? « C’est quand même une spécialité qui a beaucoup d’aspects positifs, notamment parce qu’il n’y a pas trop de gardes, qu’on finit relativement tôt, on gagne assez bien ça vie… », énumère le néo-Lillois. Et même s’il sait bien qu’il « ne faut pas choisir sa spécialité en fonction du salaire ou du temps libre », il n’ignore pas que ces caractéristiques lui permettent de conserver une qualité de vie que bien des confrères de son âge peuvent lui envier.
Autre spécificité de l’ophtalmologie : son caractère relativement circonscrit. « Il y a même des patients qui croient que nous ne sommes pas médecins », sourit Florian. Celui-ci se dit pourtant comblé dans cette spécialité qui, tout en étant extrêmement pointue, lui ouvre des horizons très larges. « Toutes les maladies peuvent avoir des répercussions sur l’œil, argumente-t-il. D’ailleurs, la spécialité est plus vaste qu’on ne le pense, et tous les ophtalmologistes ne font pas tout : nous avons de nombreuses surspécialités. » Pour Florian, c’est le segment antérieur : cornée, chirurgie réfractive… Un terrain de jeu qu’il compte bien explorer durant les nombreuses années qu’il lui reste à exercer.
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