L'étude ENNS-Esteban retrouve une prévalence élevée du surpoids en 2015, comparable aux premiers résultats de la cohorte Constances publiés précédemment. Environ la moitié des Français sont trop gros. Peut-on vraiment espérer, au vu de la stabilisation constatée, que la situation est en train de s'améliorer ?
L'étude ENNS-Esteban met en évidence une stabilisation de l'évolution du surpoids depuis 10 ans et c'est plutôt une bonne nouvelle. Néanmoins l'obésité est fortement corrélée aux conditions sociéconomiques. Il existe un gradient socioéconomique entre les foyers favorisés et défavorisés. On ne peut pas avoir une idée juste de la situation sans prendre en considération ces données.
Chez les enfants comme chez les adultes, l'étude ENNS-Esteban souligne une stabilisation du surpoids. Mais y compris chez les enfants, la prévalence de l'obésité et du surpoids est en train de se creuser dans les familles faiblement diplômées, tandis qu'elle a tendance à diminuer chez les autres.
En quoi l'étude Constances va-t-elle permettre d'aller plus loin sur la situation réelle de l'obésité en France ?
L'étude Constances, lancée en 2012, est une grande cohorte qui suivra à terme 200 000 adultes âgés de 18 à 69 ans pour une très longue durée. Ce dispositif de recherche unique piloté par l'Assurance Maladie et l'INSERM donnera des indicateurs très variés sur la santé de la population.
La méthodologie est particulièrement intéressante car les données anthropométriques sont mesurées de façon standardisée dans des centres d'examen de santé, ce qui limite les biais de variabilité.
Le projet est de faire des analyses sur l'échantillon complet de la cohorte mais aussi par région, ce qui permettra d'avoir une vision plus précise de la situation au niveau national. Déjà de fortes disparités sont apparues dans notre première analyse : la plus forte prévalence de l'obésité est observée dans le Nord (25,6 %) et la Meurthe-et-Moselle (22,9 %), tandis que Paris est le département le moins touché (10,7 %).
L'étude Constances ne suit pas d'enfants et c'est sa limite principale. Le recrutement se poursuit actuellement en particulier chez les moins de 30 ans, qui ont fait défaut lors de notre première publication.
Que pensez-vous de l'impact des mesures de santé publique, telles que le PNNS mis en place depuis 2001 ou le logo nutritionnel Nutriscore récemment adopté - pour lutter contre l'obésité ?
L'impact des mesures de santé publique ne peut vraiment être évalué qu'après une longue période. Il est illusoire de vouloir le faire avant. L'échelle de temps est indispensable pour mesurer l'impact sur l'ensemble des indicateurs de santé liés au surpoids.
Il faut noter que le Plan de lutte contre l'Obésité (2010-2013) a amené à une labellisation de centres spécialisés de prise en charge de l'obésité (CSO) en 2012. Cette mesure a permis de structurer les centres médico-chirurgicaux de l'obésité. Parmi les 37 CSO, certains ont une compétence pédiatrique. Il existait déjà pour les enfants des réseaux de soins de ville pluridisciplinaires et de proximité (Reppop pour réseau de prévention et de prise en charge de l'obésité pédiatrique). Ce maillage ville-hôpital est indispensable.
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