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Dossier

Anorexie du nourrisson

Le médecin médiateur

Publié le 02/04/2015

Si les cas d’anorexie temporaire liés à une infection se révèlent d’une très grande banalité chez le nourrisson, l’anorexie primitive peut en revanche poser plus de problème au médecin. L’interrogatoire permet alors de préciser avec les parents les modalités d’installation de cette anorexie, d’évaluer le comportement maternel, l’influence de l’entourage et de vérifier l’existence d’autres symptômes digestifs.

Chez le nourrisson, les causes d’anorexie organiques se révèlent rares mais très spécifiques. En se basant sur un examen clinique le plus complet possible, souvent doublé d’examens complémentaires simples, le médecin pourra alors éliminer les cas les plus fréquents liés à une infection, anémie hypochrome, malabsorption digestive, cardiopathie congénitale, voire insuffisance rénale. Pour prévenir les situations d’anorexie temporaire, le médecin doit insister auprès des parents sur l’importance de ne pas forcer l’enfant afin qu’il finisse ses repas.

D’autres conseils doivent aussi être rappelés en consultation, comme ne jamais remplacer un aliment refusé par un autre, ne pas enrichir l’alimentation, varier les régimes sans brusquement changer les habitudes alimentaires ou ne pas jouer avec l’enfant durant les repas. L’important pour le médecin étant d’obtenir la fin du « forcing alimentaire » des parents auprès du nourrisson. Si malgré tout, un parent persiste dans cette attitude délétère, très haut sera le risque d’évolution vers une grande anorexie confirmée, dite anorexie nerveuse ou infantile. C’est en effet sous la forme d’une conduite d’opposition entre l’enfant et son entourage qu’apparaît l’anorexie véritable qui survient généralement entre 6 mois et 3 ans, avec un pic entre 9 et 18 mois. L’installation d’un refus alimentaire dans la durée peut aller jusqu’à générer une malnutrition et un retard staturo-pondéral. Dans ce cas, seule une psychothérapie portant sur la relation parent-enfant sera susceptible de mettre un terme à ce cercle vicieux en apprenant aux parents à s’ajuster au tempérament de leur enfant.

Troubles rares

D’autres causes d’anorexie peuvent quelque fois survenir. C’est le cas de l’anorexie « post-traumatique », après un événement traumatique unique ou plusieurs traumatismes chroniques répétés au niveau de l’oropharynx ou de l’œsophage liés à une fausse route solide, une alimentation de force ou un geste médical (intubation, aspiration, nutrition entérale, sonde gastrique). Chez le nourrisson, le refus peut s’avérer sélectif – aliments solides ou liquides – ou toute alimentation si le trouble est sévère. Le prolongement de cet état peut alors entraîner de lourdes complications comme un retard du développement oromoteur, des difficultés d’apprentissage de la mastication et de la déglutition ou des retards de développement du langage. La prise en charge consiste alors en une psychothérapie comportementale qui travaille sur l’anxiété et le réapprentissage progressif de l’alimentation. L’anorexie par « trouble de l’attachement » constitue un autre cas rare qui débute entre 2 et 8 mois et s’avère marqué par une très grande pauvreté des échanges entre parents et enfants au cours des repas. Ce manque d’apport tant affectif que nutritionnel favorise des troubles du comportement et renforce en particulier la distorsion de la relation mère-enfant. La prise en charge suppose l’intervention d’une équipe pédopsychiatrique complète et induit un repérage d’un trouble mental éventuel de la mère.

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