C’est « honorée et émue » que la Pr Catherine Marchand-Leroux, en pharmacologie à l’université Paris-Descartes, a reçu, le 27 novembre dernier, « au nom de toute son équipe », le prix 2019 de la Fondation des « Gueules cassées ».
Dotée de 50 000 euros, cette récompense distingue chaque année des projets de recherche dans le domaine de la traumatologie cranio-maxillo-faciale et du traitement des séquelles. Cette édition du prix de la Fondation vient saluer une avancée dans l’étude des traumatismes crâniens, qualifiée de « prometteuse » par le Pr Jacques Philippon, président du comité scientifique de la Fondation, membre de l’Académie de médecine et de l’Académie de chirurgie.
Des traumatismes aux conséquences de long terme
Cause majeure de santé publique, les traumatismes crâniens touchent chaque année 20 000 personnes en France, dont 10 000 cas présentent des séquelles. L’équipe de la Pr Catherine Marchand-Leroux s’est focalisée sur les traumatismes « légers », et plus particulièrement sur le symptôme neuro-inflammatoire, susceptible de perdurer plusieurs années après le traumatisme.
Avec son équipe, elle s’est intéressée aux lésions de la substance blanche qui apparaissent de manière très progressive après la survenue d’un choc. Ces lésions entraînent un phénomène de démyélinisation associé à un déficit neurocomportemental. « Nous avons pu montrer que la démyélinisation apparaît après la réaction inflammatoire, ce qui laisse penser que la neuro-inflammation contribue à cet effet de démyélinisation », explique la Pr Catherine Marchand-Leroux.
Une meilleure compréhension de la neuro-inflammation
Les chercheurs ont aussi constaté que l’activation microgliale, chef d’orchestre de l’inflammation, se met en place peu de temps après le traumatisme crânien. Mais « ce phénomène n’a pas que des effets négatifs, poursuit la Pr Catherine Marchand-Leroux. Car la microglie a deux phénotypes : elle peut adopter un phénotype M1 au profil cytotoxique ou un profil M2 à l’effet anti-inflammatoire qui promeut la restauration de la myéline ». L’idée des chercheurs a donc été de moduler l’inflammation, plutôt que de la stopper, pour stimuler la remyélinisation.
L’équipe s’est alors penchée sur une enzyme clé dans la réparation de l’ADN, la PARP - poly(ADP Ribose) polymérase. « Ce sont surtout les inhibiteurs de l’enzyme PARP et leurs effets sur la neuro-inflammation et la régénération de la myéline qui nous intéressent et qui constituent une nouvelle piste thérapeutique », précise la Pr Marchand-Leroux. Après le développement d’un modèle chez l’animal, des essais in vivo vont être lancés. « Nous allons démarrer des essais avec des molécules dont on sait qu’elles peuvent "faire bouger" le processus neuro-inflammatoire et donc le ratio démyélinisation/remyélinisation », poursuit-elle.
Un travail « de longue haleine », soutenue par la Fondation
Ces recherches « de longue haleine », fruit du travail d’une « équipe entière » ont été rendues possible grâce au soutien « sans faille » de la Fondation des « Gueules cassées », a tenu à préciser la Pr Catherine Marchand-Leroux, lors de la remise du Prix. Créée par l’Union des Blessés de la Face et de la tête (UBFT), la Fondation soutient en effet des projets de recherche (bourses d’étude et financement d’équipements) : 47 projets en 2019 et 518 depuis 2002 pour un montant cumulé de dotation de 20 millions d’euros.
« Avec le soutien de la Fondation, nous avons pu acquérir des équipements performants, recruter de nombreux doctorants et ainsi poursuivre cette voie de recherche », insiste la chercheuse, qui a adressé des remerciements à la Pr Valérie Besson, aux équipes médicales et techniques, et aux doctorants, pour la plupart financés par la Fondation. Elle a enfin salué les « rencontres humaines et scientifiques » faites dans le cadre de la Fondation, et notamment avec le Pr Bruno Gogly, lauréat 2011 du Prix, et avec le Pr Éric Lapeyre, médecin-chef du service de rééducation de l’hôpital d’Instruction des Armées.
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