Darek Fidyka a de la chance. Paraplégique, des suites d’une agression au couteau en 2010, ce bulgare remarche à nouveau.
Le patient a bénéficié en 2012 d’une transplantation de cellules olfactives engainantes (OEC) dans la zone lésée de la moelle épinière (côté gauche). Une transplantation mise au point et exécutée en Pologne par le Dr Pawel Tabakow de l’université de Wroclaw et le Pr Geoffrey Raisman de l’institut de neurologie de l’University College de Londres (UCL). Après deux années de rééducation, leurs résultats très encourageants viennent d’être publiés dans la revue « Cell Transplantation ».
Une méthode déjà exploitée
De nombreuses études sur l’animal ont montré la propriété unique des cellules olfactives engainantes à stimuler la régénération des axones lésés dans la moelle épinière. Les opérations sur l’homme ont déjà été expérimentées en Australie et au Portugal mais n’ont jamais montré de résultats aussi significatifs. Le protocole d’essai se composait d’une réadaptation neurologique pré et postopératoire, d’une biopsie de la muqueuse olfactive, de la culture de cellules engainantes olfactives, et d’une greffe de cellules intra-rachidienne.
Aucun résultat indésirable lié à la biopsie de la muqueuse olfactive ou à la transplantation de cellules olfactives engainantes n’ont été recensés, après chirurgie. Il n’y a pas de signes de détérioration neurologique, de douleur neuropathique, de neuroinfection ou d’une tumorigenèse.
L’opération effectuée par l’équipe polonaise s’est déroulée en trois étapes. Les médecins ont d’abord retiré l’un des deux bulbes olfactifs du patient, prélevé et mis en culture les cellules olfactives engainantes. Puis le jour de l’opération, 100 micro-injections de cellules OEC ont été faites en dessous et dessus de la zone endommagée de la moelle épinière, soit environ 500 000 cellules greffées. Enfin quatre bandes de tissu nerveux ont été placées dans cette zone, dans un intervalle de 8 mm. Injectées dans la moelle épinière, les OEC induisent une régénération des nerfs au sein de la lésion, en construisant un « pont nerveux » dans la zone endommagée.
Récupération des fonctions motrices et sensorielles
Après la transplantation, pas de dangers de rejet, aucun immunodépresseur n’a été nécessaire. Le patient a suivi un programme d’exercice physique, cinq heures par jour, cinq jours par semaine. Six mois après la chirurgie, Darek Fidyka était en mesure de faire ses premiers pas, à l’aide d’attelles. Deux ans après le traitement, le patient marche avec un déambulateur à l’extérieur du centre de réadaptation. Il a montré une amélioration de la fonction motrice et sensorielle des premiers segments de la moelle épinière localisés en dessous de sa blessure.
« Le patient est désormais capable de bouger les hanches et, sur le côté gauche, il connaît un rétablissement considérable des muscles de la jambe », a précisé à la BBC, le Dr Tabakow. Il a également récupéré des fonctions sensorielles lui permettant de ne plus être incontinent et des résultats significatifs sur la fonction sexuelle.
« C’est incroyable de voir comment la régénération de la moelle épinière, quelque chose que l’on croyait impossible il y a de nombreuses années, est en train de devenir une réalité », a expliqué à la BBC, le Dr Tabakow. Cette recherche a été financée par la Nicholls Spinal Injury Foundation (NSIF) et la fondation britannique sur les cellules souches. Les scientifiques espèrent traiter une dizaine d’autres patients, en Pologne et en Grande-Bretagne au cours des années à venir. « Notre équipe en Pologne serait prête à examiner des patients de partout dans le monde qui sont susceptibles de recevoir cette thérapie », a assuré le Dr Tabakow à la BBC.
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