CHRISTOPHE Bernard (directeur de recherche INSERM U 751, Marseille) l’exprime sur la première vidéo mise en ligne par l’Institut avec un communiqué de presse. Si ses travaux sur l’épilepsie temporale trouvent une confirmation chez l’humain un espoir thérapeutique vient de naître pour les patients atteints de la forme la plus fréquente de comitialité. L’équipe dirigée par C. Bernard, en collaboration avec des chercheurs californiens (Tallie Z. Baram et coll., Irvine) a, en effet, mis en évidence l’existence d’un gène décrit comme « un interrupteur » qui déclenche le dérèglement de centaines d’autres gènes responsables de la crise temporale. Un espoir, explique le chercheur, car chez des animaux il a été possible de mettre « l’interrupteur sur off » et d’améliorer leur état clinique.
Un certain nombre de rappels sont nécessaires pour mieux comprendre comment l’équipe est parvenue à cette découverte. L’origine de l’épilepsie temporale se trouve le plus souvent dans un traumatisme qu’a subi le cerveau. Ce peut être un choc, une méningite, une naissance compliquée, survenu parfois des dizaines d’années avant l’apparition des premières crises. À la suite de cette agression de nombreux neurones disparaissent et, surtout, les survivants modifient leur comportement. Ils peuvent créer des connexions aberrantes, devenir hyperexcitables. Cette réorganisation est responsable de la comitialité.
L’un des éléments les plus frappants de cette architecture nouvelle est la modification de l’expression de milliers de gènes responsables des liaisons entre les neurones. Ces multiples mutations géniques ont été et sont la cible des traitements actuels et à venir. Malheureusement la restauration du fonctionnement d’un seul gène se montre peu efficace. D’ailleurs dans quelque 30 % des cas, l’épilepsie temporale se montre réfractaire à tout traitement.
Contrôle 1 800 autres gènes.
L’équipe marseillaise a donc voulu remonter plus amont dans la cascade pathologique. Elle a tenté d’analyser les mécanismes responsables de la réorganisation des gènes. Après un travail de plusieurs années, ils ont identifié le gène activé par le traumatisme initial : Neuron Restrictive Silencing Factor ou NRSF. Il contrôle l’expression de 1 800 autres gènes. La protéine codée par NRSF va recruter d’autres protéines susceptibles de bloquer la transcription de certains gènes en protéines.
Cette étape initiale achevée, C. Bernard et ses collaborateurs ont mis au point des leurres biochimiques, qu’ils ont injectés à des animaux modèles d’épilepsie temporale. Il s’agit d’oligodéoxynucléotides capables de capter, puis de fixer, la protéine NRSF. Ainsi capturée elle ne peut plus exercer son activité délétère sur la cascade de gènes impliqués dans l’affection. On peut dire que l’’interrupteur a été mis en position « off ».
De fait chez les animaux, un effet thérapeutique a été relevé. La progression de l’épilepsie a été ralentie, le nombre de crises également. Des enregistrements par video-EEG ont montré une restauration d’un rythme thêta, indispensable à certaines fonctions de mémorisation et d’apprentissage.
En comprenant comment un cerveau sain devient un cerveau épileptique, une voie de recherche de traitements préventifs vient de s’ouvrir.
Annals of Neurology, doi:10.1002/ana.22479.
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