Des jeux vidéo pour améliorer le contrôle cognitif chez les plus de 60 ans

Publié le 11/09/2013
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Crédit photo : A. Gazzaley

Améliorer l’attention et la mémoire d’adultes de plus de 60 ans grâce à un jeu vidéo ? C’est ce que vient de réaliser une équipe américaine dont les résultats ont été publiés dans « Nature »*.

« Au cours des dix dernières années, notre laboratoire a montré que les adultes âgés sont particulièrement susceptibles de voir leurs aptitudes cognitives affectées de façon négative par des interférences », a indiqué le Dr Adam Gazzaley (San Francisco) directeur du projet. Concrètement, cela signifie que la résistance aux distractions et la capacité d’effectuer plusieurs tâches simultanément semblent diminuer avec l’âge. « Ces déficits sont le reflet d’un déficit plus large dans ce que nous définissons comme les facultés de contrôle cognitif, précise le Dr Gazzaley. Or ce contrôle cognitif nous permet d’agir dans un but précis dans l’environnement complexe qui nous entoure. » Le contrôle cognitif inclut l’attention sélective, l’attention soutenue, la mémoire de travail, l’aptitude de transition entre les tâches et la prise de décision.

Il y a 5 ans, le médecin californien a conçu un jeu vidéo stimulant particulièrement adapté aux seniors pour tenter de remédier à leurs propres déficits dans ce domaine.

170 participants âgés de 20 à 79 ans

Le jeu vidéo 3D, appelé NeuroRacer, crée un milieu interactif à haute interférence forçant le joueur à accomplir plusieurs tâches simultanément, tout en le soumettant à des distractions. Il consiste à conduire une voiture sur une route en constante évolution, comprenant des tournants et des dénivellations, tout en observant sur l’écran l’apparition successive d’une série de panneaux dont un seul requiert l’action indépendante de cliquer.

Tout d’abord, les chercheurs ont soumis à 170 participants âgés de 20 à 79 ans deux versions du jeu, l’une à tâche unique et l’autre à tâches multiples. Ils ont constaté un déclin dans la capacité d’effectuer plusieurs tâches simultanément qui varie de façon linéaire avec l’âge. Un résultat qui est cohérent avec d’autres études.

Ils ont ensuite réparti 46 adultes non coutumiers des jeux vidéo et âgés de 65 ans à 80 ans, en trois groupes : un contrôle sans contact, un contrôle actif où les joueurs n’étaient confrontés qu’à une seule tâche à la fois, alternant entre la conduite et le jeu des panneaux, et un groupe où les joueurs étaient exposés à la version du jeu comprenant les deux tâches. Le contrôle actif et le groupe multi-tâches se sont entraînés chez eux une heure par jour, trois fois par semaine pendant 4 semaines. La compétence au jeu a été mesurée par le « coût » des tâches multiples (CTM), qui représente, pour chaque personne, la différence entre les scores obtenus au jeu à tâches multiples et au jeu à tâche unique.

Plasticité du système pré-frontal

Seul le groupe ayant pratiqué le jeu complet a amélioré la valeur du CTM, de - 64 % avant l’entraînement, à - 16 % après les 12 heures d’entraînement. Le gain de ce groupe est resté stable après 6 mois sans nouvelle session d’entraînement, avec un CTM de - 22 %. Ce résultat est meilleur que celui obtenu par un groupe de jeunes de 20 ans n’ayant joué au NeuroRacer qu’une seule fois, dont le CTM était de - 36 %.

En outre, les chercheurs ont observé pour le groupe ayant pratiqué la forme complète du NeuroRacer, une amélioration de la mémoire de travail et de l’attention soutenue. Ils ont également observé à l’EEG une augmentation du rythme thêta (4-7 Hz) au niveau du cortex pré-frontal ainsi qu’une augmentation de la connectivité entre les régions frontale et postérieure du cerveau.

Ces mesures, indique le Dr Gazzaley dans « Nature », « mettent en évidence la plasticité robuste du système pré-frontal de contrôle cognitif du cerveau vieillissant ». Encouragé par ce succès, son laboratoire étudie de nouveaux jeux vidéo destinés à des populations et à des facultés cognitives différentes.

* http://www.nature.com/nature/journal/v501/n7465/full/nature12486.html

 ISABELLE TROCHERIS

Source : lequotidiendumedecin.fr