Quelques jours après un événement douloureux, des signaux du système nerveux central sont renvoyés à d’autres sites, à distance du site initial de la douleur, ce qui a été montré sur de nombreuses études chez l’animal. « Ainsi, la sensibilité accrue à la douleur persiste même si les signaux douloureux allant du site de la blessure jusqu’au système nerveux central ont été bloqués par des antalgiques », explique Ronald Dubner (Université du Maryland, Ecole dentaire). Ces signaux algiques émis par le SNC peuvent persister pendant des mois. Ils sont une des causes de la chronicisation des douleurs.
Ce système de renvoi des signaux participe aussi à un autre phénomène : la perception d’une douleur sur un site somatique différent de l’origine. Ainsi, l’arthrose de la hanche induit souvent la perception d’une douleur provenant de la jambe. D’autres chercheurs ont montré la survenue simultanée de douleurs sur des sites différents. Ainsi en est-il chez certaines personnes qui souffrent simultanément de troubles temporo-mandibulaires et de syndrome du côlon irritable (plus de 60 % de ceux indiquant souffrir de douleurs temporo-mandibulaires).
Dubner et coll. éclairent pour une part les mécanismes présidant aux douleurs persistantes. Ils observent que, dans les cas des blessures de la face et de la bouche, quelques jours après la blessure, de la sérotonine est libérée du tronc cérébral, et va occuper des récepteurs situés sur la moelle épinière et sur le système du trijumeau. Le mécanisme algique est maintenu par le système nerveux central, ce qui est un moyen de défense, pour prévenir que la blessure n’est pas cicatrisée.
« La notion que la sérotonine peut agir sur des récepteurs induisant une hypersensibilité à la douleur, et également sur des récepteurs supprimant la douleur, pourrait expliquer son peu d’efficacité en tant qu’antalgique. »
Journal of Neuroscience, 18 mars 2013.
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