De nouvelles données espagnoles, présentées samedi 6 juin en ouverture du congrès virtuel de l'Association rénale européenne et l'Association européenne de transplantation (ERA-EDTA), confirment le surrisque important de contamination par le SARS-CoV-2 et de décès des patients dialysés, observé dans le pays et ailleurs dans le monde.
L'Espagne a été durement touchée par l'épidémie de Covid-19 : plus de 238 000 cas confirmés et 29 000 morts. Le Dr Maria Jose Soler Romeo a présenté les chiffres obtenus auprès de 400 patients sous dialyse pris en charge à l'hôpital Vall d'Hebron. Les patients atteints d'insuffisance rénale terminale étaient 10 fois plus susceptibles d'être infectés par le SARS-CoV-2 que la population générale : 5 % dans ce groupe de patients, contre 0,5 % selon les statistiques nationales espagnoles.
« Les patients du seul hôpital du Vall d'Hebron ne sont pas représentatifs de l'ensemble de la population des patients sous dialyse, mais ils fournissent une indication du taux significativement plus élevé chez ces patients », explique le Dr Soler Romero. Sur les 21 patients dialysés infectés par le SARS-CoV-2, cinq patients sont décédés, 15 ont pu quitter l'hôpital à la date de communication des résultats et un était toujours en unité de soins intensifs.
Le taux élevé de mortalité observé dans ce centre (24 %) confirme l'observation faite dans la cohorte de patients espagnols Covid-19+ issus du registre de patients transplantés ou dialysés, qui compte 1 572 membres dont 998 patients sous hémodialyse, 51 sous dialyse péritonéale et 523 transplantés.
Dans le registre national, les taux de mortalité étaient de 27 % dans l'ensemble des patients infectés : 23 % chez les patients transplantés, 15 % chez les patients sous dialyse péritonéale (un chiffre à prendre avec précaution compte tenu de leur faible effectif) et 30,5 % chez les patients sous hémodialyse.
La durée de la dialyse est un facteur de risque
Selon les analyses présentées par le Dr Soler Romero, l'âge, le nombre d'années écoulées sous dialyse et la lymphopénie sont des facteurs associés à un risque de mortalité plus élevé.
« Avec un quart de risque de décès, ces patients ont besoin de protection, alerte-t-elle. De nombreuses études montrent que des patients peuvent transmettre le virus, même en étant asymptomatiques. Pour protéger nos patients très vulnérables, il est essentiel que chaque patient et chaque membre du personnel médical soient régulièrement testés pour minimiser le risque d'épidémie. »
Ces données espagnoles sont à mettre en parallèle avec celles régulièrement communiquées par l'Agence de la biomédecine : à la date du 26 mai, 534 patients transplantés rénaux et 1 725 patients dialysés étaient infectés par le SARS-CoV-2, soit 1 % des patients transplantés rénaux et 3 % des patients dialysés sur l’ensemble du territoire. On recensait en outre 92 décès en transplantation et 314 en dialyse dont la cause est considérée comme liée au SARS-CoV-2.
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