Sans masques, sans gants et lunettes de protection et surtout sans accès aux tests de dépistage, les médecins de famille italiens enchaînent les consultations depuis le début de l’épidémie de Covid-19 qui a déjà fait plus de 17 000 morts dont une centaine de médecins et d'infirmiers pour 135 000 cas détectés.
Pourtant, le ministère de la Santé a prévu dans sa doctrine que chaque praticien reçoive un équipement de protection médicale. Mais la Direction générale de la comptabilité publique a refusé de donner son feu vert. « La Direction générale de la comptabilité publique a renvoyé la balle au ministère de la Santé car le texte qui lui a été soumis ne disait pas combien aurait coûté cette opération, visiblement, la vie d’un médecin de famille ne vaut même pas le prix d’un masque ! », s’énerve le Dr Silvestro Scotti, secrétaire général de la Fédération italienne des médecins de famille (FIMMG). « La Direction générale a estimé que les généralistes ne font pas partie des catégories médicales prioritaires malgré la mort de plus de 40 confrères contaminés par un patient depuis le début de l’épidémie », déplore pour sa part le Dr Fabio Valente, vice-secrétaire de la section romaine de la FIMMG. Pour faire pression sur le gouvernement et sur le ministère de la Santé, la Fédération a déclaré que les généralistes sont prêts à mettre la clef sous le paillasson en signe de protestation. « Nous garantirons les services essentiels, c'est-à-dire les visites urgentes et les consultations par téléphone ou en appel vidéo mais nous ne pouvons pas continuer à compter nos morts en silence », a averti le Dr Scotti.
Des masques chinois à un euro pièce
Pour pallier le manquement de l’État, les médecins de famille s’organisent. La plupart ont acheté tout l’équipement, des masques, des gants, des lunettes, des charlottes, des chaussons et des combinaisons jetables, Mais avec la pénurie, la situation devient de plus en plus compliquée, notamment en ce qui concerne les masques. « Certains confrères passent au plan B et portent des masques de plongée pour examiner leurs patients, cette situation est scandaleuse ! », s’agace le Dr Alessandro Sabatini. La colère et la déception des généralistes placés au quotidien en première ligne sont d’autant plus vives que quelque 6 000 masques à usage non sanitaires ont été livrés la semaine dernière par la Protection civile aux conseils départementaux de l’Ordre des médecins. Une erreur selon la Protection civile qui s’est immédiatement excusée.
En attendant que la situation soit éventuellement débloquée par le ministère de la Santé, la section romaine de la FIMMG a organisé des achats groupés afin de garantir un minimum de protection à ses inscrits. « Nous avons contacté des intermédiaires qui se fournissent en Chine pour acheter 10 000 masques chirurgicaux à un euro pièce que nous distribuerons ensuite à nos inscrits », explique le Dr Valente qui s’est occupé de monter l’opération. En parallèle, la FIMMG a annoncé l’ouverture de discussions avec les autres syndicats de médecins. Objectif : réussir à fermer les cabinets de médecine générale dans un cadre légal.
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